Aux vilains petits canards!

Je voudrais parler aux vilains petits canards.

j’vois la vie un peu comme un escalier. Sur ses marches, si on est quelque chose, on s’évertue à grimper. On grimpe aussi haut qu’on peut.

Parfois, la vue est vraiment belle. Des fois, on est vraiment bien.

Le problème? Le sac que l’on porte sur le dos. Il  peut être lourd, très lourd.

Vous, votre sac l’est beaucoup trop. De plus en plus, tout le temps. Toute vie normale vous est interdite. L’espoir meurt à petit feu!

Alors, vous vous arrêtez. Il n’y a plus rien d’autre à faire. On vous range dans  votre sac. Vous errez un temps dans nos têtes, puis tout est dit.

Vous ne grimperez plus graver votre histoire. Quelle perte, quel gâchis!

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I comme…

Indécis

Je n’avais pas décidé que ça se passerait comme ça. Je n’avais pas décidé qui viendrait avec moi. Je n’avais pas décidé quoi dire. Je n’ai pas décidé quand je changerai, non plus!

Intolérant

Je n’aime pas les croissants.

Toute velléité de ressembler au personnage indiqué, communément connu sous le nom de Monsieur Moi, est désormais caduque, proscrite et licencieuse.

Qu’est-ce qu’ils en pensent vraiment, eux, les migrants?

Intrépide

— « Allez, on y va. On verra après! »

— « La chance sourit aux audacieux. » Ah bon! La chance?

— Plutôt mourir noyé que de ne pas essayer de traverser? Non, c’est pas ça du tout. Eux n’avaient pas de choix.

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Symbiose ou embrouille?

« Il faut respecter la nature! »

Avoir le Respect de la Nature, ce n’est pas commettre des gestes pseudo-écologiques. Ce n’est pas, non plus, chercher à être écolo- responsable et continuer à parler d’environnement.

Avoir le Respect de la Nature?

« Si vous ne voulez pas respecter cette planète, allez voir sur mars. Essayez ailleurs. Mais surtout, ne restez pas! »

La vie, sur cette planète, est notre mère à tous. C’est elle qui nous donne un monde où vivre!

Respecter la Nature redevient respecter la Vie, la vie ici. Celle dont on participe!

Quant à l’Homme, ne dit on pas que pour respecter les autres, il faut d’abord se respecter soi-même!

Mais qu’est-ce que je raconte?

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Ah, encore d’actualité!

Je me suis rappelé d’une histoire, il y a quelque temps. Une histoire vraie. J’vous la raconte; ça vaut le coup!

C’est les vacances. Un pêcheur, sur un minuscule bateau gonflable. Dans un étang aux eaux sombres, au fin fond du grand nord corrézien. C’est bientôt le crépuscule. Il est seul, dans les bois; il adore ça!

Il est parti de la digue et remonte vers la queue de l’étang. Il se trouve à-peu-près au milieu.

Il n’a pas fait attention? Il rêvait, il écoutait les oiseaux? Son bateau, dans un petit bruit glissant, s’arrête. Il se réveille d’un coup, ayant déjà à moitié compris. L’arrêt, l’odeur, les bruits mous et enfin les bulles. Il est échoué dans la vase! Au-dessus d’un gouffre empli de vase. Au milieu de l’étang!

Il a a soudain l’impression de n’être plus que sur une toute petite bouée. De n’être que kilogrammes! Le bord est loin.

Il se couche sur le ventre avec la prudence du félin. Il rame, de ses mains, la vase. Une éternité encore! Il se rapproche. Il sort un pied circonspect du bateau. Il ne s’enfonce pas! Ce n’est que quand il sera sur la terre ferme, éloigné du bord, qu’il recommencera à respirer l’air de nouveau.

Depuis, je fais un rêve récurrent.

Dans mon rêve, tout se passe sur l’étang, au même endroit, au même moment. Des dizaines de personnes, peut-être plus. Chacune dans son petit bateau plastique, des baigneurs! Je suis là aussi. On attend, on flotte sur les eaux sombres.

Tout s’accélère. Les éléments se déchaînent. Un incendie formidable les encercle! Ils regardent tous au loin. Tout n’est plus que cendres et ruine. Tout devient aride et sec. Il n’y a plus rien ailleurs. Le reflet des flammes sur l’eau forme un iris flamboyant. Les baigneurs contemplent le spectacle. Ils flottent à la surface d’un grand oeil! Ils commencent à comprendre; les épaules des silhouettes s’affaissent.

On est allé trop loin. C’est leur tour; c’est la fin.

Dans la pupille dilatée du grand oeil, un à un, les petits baigneurs commencent à sombrer. Les dernières bulles font un léger plop. Les démons sont déchus; l’étang reprend sa vie normale.

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Des mondes étranges…

J’ai un univers entier dans ma tête, des mondes complets. Tu m’as souvent entendu dire cela, rappelles toi.

Eh bien, c’est vrai. Si! Je m’y rends surtout le soir. C’est comme dans une grotte. On suit un long couloir. Sur les côtés, des tunnels. Des tunnels qui mènent chacun à une porte et derrière la porte, un monde. A chaque fois, un monde différent! Vierge et secret. Certains sont finis, d’autres ne sont encore que des ébauches.

Je t’expliquerai tout. Mais, p’tit à p’tit. C’est un peu compliqué. « T’es en train de marcher dedans en ce moment; c’est déjà que ça existe! T’es toujours cool? »

Le couloir que l’on vient de passer sur la gauche, par exemple! Je l’aime bien ce monde-là. Il tourne depuis le début. Il n’a pas posé de problèmes depuis sa conception. Je n’interviens plus depuis longtemps. Un monde riche, beaucoup de faune, peu d’humains. C’est très indien là-bas. La terre mère, nos frères les animaux! Pas mal de générations se sont succédé déjà; ils ont d’excellents chanteurs. J’y suis pas retourné, ça fait une trentaine d’années. « Eh bin, oui. Cherches pas, j’te dis! »

Je t’emmènerai dans une forêt d’elfes la prochaine fois, si tu veux. « Y a des elfes? » Bien sûr. C’est un des tout derniers projets. Tout est pensé pour qu’il y ait une vie le jour et la même chose la nuit. Surtout la nuit! Ils vivent sous de grands arbres dont l’envers des feuilles génère des gouttes luminescentes; simple mais bien vu, non? On y voit comme en plein jour! Ils sont spéciaux, mais assez cools. Ils sont pâlots et secrets. Y a rien à y faire. C’est un peu dommage, ça fait pas très elfique! Bon, baste!

Quand je t’ai trouvé, gravement blessé, j’ai eu peu de temps. Je t’ai ramassé et transporté ici. T’es mort, là-bas. C’est comme ça qu’on dit.

Je t’ai emmené chez moi, dans mon monde. Je t’ai fait une chambre. Et depuis, je veille sur ton sommeil. T’as quelques réveils partiels, de temps en temps; c’est à ces moments-là que j’essaie de te familiariser à ta nouvelle vie. Mais, t’es encore au bois dormant. Ton corps a guéri depuis longtemps; mais ton âme est toujours en vadrouille, parcellaire. Tu n’es pas activé pleinement. Il faut que tu patientes encore un peu, que tu attendes d’être suffisamment rassemblé.

Je me rappelle ton premier réveil. On fait tous pareil! Pour te faire comprendre un peu et que tu t’éclates, je t’ai emmené sur la corniche qui surplombe le lac. T’étais pas fier, au début. « Vas-y, saute! T’inquiètes, si on peut construire des mondes, on peut tout faire. » T’as sauté; la surface de l’eau ne s’est pas brisée, elle s’est enfoncée et t’a renvoyé en l’air. T’as regrimpé la corniche au galop. « Ca claque! J’peux le refaire? » Il te suffit de le vouloir, t’as pas besoin de moi. T’as ressauté, tu apprends vite!

Au fait, quand même, j’ai un doute; tu ne te serais pas réveillé pendant que j’étais pas là? Tu ne serais pas descendu au village, en bas, des fois? C’est plus animé. Il y a plus de jeunes. Une étrange musique remplace flûte et tambours, le soir! Et puis, regardes! T’as pas les mêmes fringues, Pierre.

Alors, écoutes moi bien! Les choses changent à chaque fois qu’on intervient, si on n’a pas assez de maîtrise. Il faut vivre comme eux et pas les faire vivre comme nous. C’est impératif! Sois prudent. Fais bien attention, c’est nouveau pour toi.

« Tu manges là, ce soir, ou tu descends au village? Ah, j’allais oublier; quand t’auras bien tout intégré, quand tu seras prêt, tu pourras faire ton premier monde. Ton monde à toi! »

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