
C’est vrai que c’est serein de marcher sous la lune.
Mais, en fait, t’y vois rien et tu pries, pour des prunes.
Tu rejoins le chemin, quand tu butes dans des dunes.

To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!

Aujourd’hui, mon chemin
M’a mené vers la ville.
J’avais besoin de rien
Et je marchais tranquille.
Un gamin morvouilleux
Lorgne, dans une vitrine,
Un objet bien sucreux
Qui guérit les narines.
Le soleil l’aide un peu
Et efface, de sa mine,
Le montant, bien coûteux,
De sa folle aspirine.
Je rencontre un clampin
Qui dansait sur un fil.
Il décrit, de sa main,
Des sons doux et graciles.
En tapant sur du rien,
Un clodo, en exil,
Le suit et le soutient,
Dans sa danse immobile.
J’avais besoin de rien
Et je marchais tranquille.
Tout à coup, mon chemin
M’a mené vers la ville.
Là, au bord de la mare,
A mairie de la ville,
Un tout petit têtard
Approche un volatile.
C’est le doigt du têtard
Que pince le volatile.
Ce dernier, sans retard,
Se remet dans la file.
A pissoter, un chien
Irrite le côté pile
D’un vieux poète indien
Qui peint avec ses cils.
Pour le peintre, c’est pas bien.
On fait pas ça, en ville.
Et, dans la face du chien,
Il balance son ricil.
Je sais pas si, demain,
Tout sera si facile,
Car la magie de rien
N’est pas toujours en ville.

C’est ainsi qu’il dit à ma mère :
Un dernier, on n’en parle plus!
C’est ainsi que parla mon père
Et ma mère n’a rien répondu.
Et c’est tant qu’il tanna ma mère,
C’est dire tant qu’il était têtu.
Elle le fit, surtout pour lui plaire,
Ce dernier qu’elle n’a pas voulu.
Et je n’ai pas connu mon père,
Il partit, avant ma venue.
Et je dois l’amour de ma mère
A cet homme qui était têtu!