Je me souviens, j’étais dans un moment sombre.
La pluie picotait la terre.
L’éclair revenait, toutes les quinze secondes,
Pour me donner la lumière.
Le tonnerre redondant rebattait les ondes;
J’aimais sa musique sévère.
Le jeu qui fait pas envie!
Le jour de la Sainte Extase!
Le trou de Vide!
L’orée des bois, le matin!
Un brouillard humide lèche le front des arbres
La brume étend ses doigts et tente de s’insinuer
De petits nuages laineux courent la lande
Le berger qui les mène est un vent prudent
Quelques rais de lumière dans les cheveux des arbres
Les feuilles mortes craquent et la fougère crisselle
Le geai a déjà crié; une tiédeur profonde
Et un parfum d’années emplissent les bois
Le rideau de pluie!
Là où va le sable blanc!
Mes pieds se posent bien à plat
Je descends lentement
Je marche sur un sable ras
Et j’avance prudemment
Le sable est un calme plat
Et j’oscille dans le vent
J’hésite, je veux rester là
Mon pas part en avant
Où, le silence se tait pas
Où il hurle dans le vent
C’est pour ça que j’y vais pas
Ce n’est pas très prudent
J’attends que revienne mon pas
En prenant le moment
Le moment est juste là
Sur un grand sable blanc
Et le vent me parle tout bas
Comme il faisait avant
Je rentre, imitant mon pas
Je respire doucement
Car ma mère l’a voulu!
Un pull un peu trop long
Lui remonte les manches
Et son grand pantalon
Lui entaille les hanches.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon.
On a vu le garçon,
Si courbé quand il penche,
Donner à un poisson
Une fleur de pervenche.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon.
Il ne porte rien de plus
Et il marche pieds-nus.
On a vu le garçon,
Accroché dans les branches.
On a vu le garçon,
A flotter sur une planche.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon.
On a vu le garçon
Danser avec ses hanches,
Dans son grand pantalon,
Une danse de comanche.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon.
Il est un peu menu
Et il dort dans la rue.
Il a marqué un but,
Pendant la première manche.
Les enfants ont voulu
Qu’il revienne, le dimanche.
Il a quitté la rue
Et sa chemise est blanche.
Chez nous, il est venu;
Car ma mère l’a voulu.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon!
Tout va me revenir!
Tout va me revenir, le bonheur, le sourire.
Tout va me ramener
Le doux vent enchanté
Qui flottait devant moi
Quand je courais les bois
Qui me prenait la main
Dans le creux d’un chemin
Qui me tendait les bras
Quand la danse était là
Qui pouvait mordiller
Quand j’étais pas pressé
Tout va me revenir, le bonheur, le sourire.
Les longs cheveux de l’Ondine!
Sa chevelure froissée
Ruisselle de tons cuivrés.
Doucement, elle est belle,
L’Ondine!
Son reflet délaissé
S’éloigne de ses pieds.
Alors, elle se révèle,
L’Ondine.
Le rocher harassé
Lui sert de cavalier.
Elle n’est plus infidèle,
L’Ondine.
Je n’ai pas oublié
Les temps du temps passé.
Toujours, je me rappelle,
L’Ondine!