Un brouillard humide lèche le front des arbres La brume étend ses doigts et tente de s’insinuer De petits nuages laineux courent la lande Le berger qui les mène est un vent prudent
Quelques rais de lumière dans les cheveux des arbres Les feuilles mortes craquent et la fougère crisselle Le geai a déjà crié; une tiédeur profonde Et un parfum d’années emplissent les bois
Un pull un peu trop long Lui remonte les manches Et son grand pantalon Lui entaille les hanches. Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon. On a vu le garçon, Si courbé quand il penche, Donner à un poisson Une fleur de pervenche. Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon. Il ne porte rien de plus Et il marche pieds-nus.
On a vu le garçon, Accroché dans les branches. On a vu le garçon, A flotter sur une planche. Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon. On a vu le garçon Danser avec ses hanches, Dans son grand pantalon, Une danse de comanche. Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon. Il est un peu menu Et il dort dans la rue.
Il a marqué un but, Pendant la première manche. Les enfants ont voulu Qu’il revienne, le dimanche. Il a quitté la rue Et sa chemise est blanche. Chez nous, il est venu; Car ma mère l’a voulu.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon!
Tout va me ramener Le doux vent enchanté Qui flottait devant moi Quand je courais les bois Qui me prenait la main Dans le creux d’un chemin Qui me tendait les bras Quand la danse était là Qui pouvait mordiller Quand j’étais pas pressé