Sous un ciel de gris-orage, ils marchaient à-peu-près. La vieille était chargée comme le serait un portefaix. La plus jeune tirait la brouette et l’enfant chantonnait.
Vous pensez qu’ils reviennent des champs, des bois? Vous n’y êtes pas, ils viennent de bien plus loin que ça.
Dans un coin, sous l’ombrage, la vieille cacha l’enfant. La plus jeune courrait pour attirer, sur elle, les agents. Ils ont enlevé la jeune et ils ont tué la vieille et l’enfant.
Cachez-vous de l’orage, quand vous êtes innocents!
Chacun pour sa gueule Et tous à gueuler. On n’est pas bégueule Et on sait danser.
C’est un parcours inachevé, Sous un azur bien sinistré. C’est un futur ensommeillé Qui n’a plus le droit de rêver. C’est un concours inadapté De concordances et d’intérêts.
Si l’on s’affolait de danser, Si on jouait à s’amuser. Si on pouvait, ça fait rêver, Si on apprend à respecter…
Tu vas voir ta gueule, Petit énervé. Tu restes bien seul A nous résister.
C’est de l’air pur exonéré, Une couverture très malmenée. C’est une histoire intéressée Qui fait semblant de communier. Un air de fausse sérénité, En des circonstances aggravées.
Si on pleurait tous les décès, Si l’on savait se conjuguer. Si on protégeait les après, Si on apprend à respecter…
On n’est pas tout seuls Et on sait rêver. Le bois du cercueil N’est pas assemblé.
C’est un futur perfectionné, Fait d’horreur et d’insanité, Pour la vie et l’humanité. On peut faire pire? Faut vérifier. Il vaudrait mieux rétro-acter, Sinon notre Eden va changer!
Si on osait entre-échanger, Si on se disait la vérité. Si l’on savait se témoigner, Si on apprend à respecter…