Alors ça, c’est bizarre!


Je fouille dans mon crâne et j’en ressors une arête. (j’aime bien le hareng fumé; faîtes pas chier, les femmelettes) Il y a du poil pour la voix. (apparemment, je suis un mec) Je sors un truc avec mes doigts et je le jette. (ne me demande pas) Il y a cette photo où je suis blanc-bec. (rigole pas, tu es là; ça nous rajeunit pas) Alors ça, c’est bizarre; on dirait un cerneau de noix …

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J’ai connu mes larmes, ce jour-là!

Comment il me foutait les flippettes, lui, quand il racontait les histoires. Pourtant, il parlait pas à moi; il causait avec mon père; il était pas si tant plus vieux que moi. Il savait que j’écoutais. La dernière fois qu’il est venu, il a foncé droit sur moi; j’ai su qu’il allait partir, là-bas. Mes frères et moi, on lui a dit Au Revoir, autant fort qu’on pouvait; il a failli sourire; on a couru la voiture. J’ai connu mes larmes, ce jour-là!

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Nul vraiment se souvient!


Brahmapoutre et Vistemboir
Se tenaient par la main
En ces temps de préhistoire
Quand ils s’entendaient bien

Brahmapoutre et Vistemboir
Se tenaient par la main
L’un était toute une histoire
L’autre était un crétin

Brahmapoutre et Vistemboir
Se tenaient par la main
Et ils combattaient l’espoir
Comme des orphelins

Brahmapoutre et Vistemboir
Se tenaient par la main
Un instant dans leur mémoire
En des temps incertains

Brahmapoutre et Vistemboir
Se tenaient par la main
L’un d’eux enseigne l’histoire
L’autre n’est pas un saint

Brahmapoutre et Vistemboir
Se tenaient par la main
Et à la fin de l’histoire
Nul vraiment se souvient!


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Comme une faute de traversin!


Elle venait prier dans son coin
L’oiseau se fait entendre bien
On sentait bien l’odeur du foin
Entends-tu la fleur se pavane

Il était comme un jour de juin
Un peu dimanche et incertain
On entendait moudre le grain
Entends-tu au loin la sardane

D’eux deux il est né un gamin
Comme une faute de traversin
Il était bon comme le bon pain
Entends-tu l’enfant est malade

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J’ai un faible pour les insectes!

Il nous a été demandé, dans un de mes stages spiritueux, d’étendre nos ardeurs de bonté abracadabromystiques, à tous les êtres, Tous, terreux et souterreux, sur cette Terre, en ce moment précis.
Bon, j’ai bien compris l’idée; mais devant la vasteté de ce nombre hallucinique, j’ai tranché les nœuds: la moitié pour ce qui est mouche et l’autre moitié pour ce qui ne l’est pas. Ils ont pas rigolé.

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Le songe d’Aymeric!


Il court; il s’occupe de boiter, dedans l’ombre noire.

Vite, il quitte le chemin.
Son genou trembloté s’effondre et l’assoit sur derrière.
Il respire fort et s’appuie de ses mains.
Des ombres sombres et pressées galopent le chemin.
Il les suit de l’orée des bois, puis s’oriente vers l’est.

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Maman viendra lui border les yeux!


Stéban est un enfant d’albâtre, au teint pâle et mince, aux cheveux longs de moire tout noirs. Il a dans les treize ans et c’est un adulon, presque presque. Au fond du jardin, l’orage se remplit. Stéban est allongé sur le lit; il relit la même bd. Las, il se galope vers le soir, pour finir sa journée. Stéban s’ennuie. Il va compter les gouttes fines qui s’allongent sur la vitre. Il lorgne la camionnette; son père va tantôt rentrer. Sa mère est à voisine; elle aide de plier les draps. L’adulon ne va pas à l’école; il est consigné pour rhume. Tout à l’heure, il a bu un chocolat et grignoté deux biscuits. Stéban s’ennuie. Il attend le printemps. Pour l’aller arroser, dehors, son petit potager. Il rejoint sa mère au parloir de la cuisine; l’aide à peler ses poireaux et scratcher ses carottes, pendant qu’elle récure une bassine …

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Du temps de la Glaviotte !




Oh, la Glaviotte, elle est là, tout auprès de l’âtre.
Elle dit que tu viendras.

« Pure-entraille et ventre-livre, je vois ; je réverbe en toi, Mashamou, dieu complet. » Bon, ça marche pas ; il me faut un poulet.



La Glaviotte, elle t’a cerné les yeux, d’avant sous peu.

Tu n’es pas heureux
Tu as le teint pâle
Des larmes de cristal
Emperlent tes yeux



C’est pas honteux d’être laid; la Glaviotte, elle le sait.

T’as les fesses en gousses d’ail et ton foie est grêlon.
Conte-moi ton histoire. Qu’as-tu tenté ?
— Se lancer en quête, c’est faire le choix de ne pas rentrer indemne.
C’est dans le monde noir que tu es entré. Voyons dans la Cristalline !
C’est un gadget, de la glaviotte ; mais ça me fenêtre pour penser.




Je te mercie, Glaviotte, de m’avoir orienté.

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Il naissoit une nuit de Lune!


Dissonance par trop de son, luminance en déraison

Le petit enfant de bois
Marchait, sans défiance
Et hoquetait son pas.

Le petit enfant de bois
Dansait la cadence
Et ne renonçait pas.

Le petit enfant de bois,
Étrange ressemblance,
Enchantait de son pas.

Existence et gestation, la nuance est dans le ton

Pour vivre, il faut mourir
Et se renaître mieux.
Puis, de nouveau, s’occire,
Se mirer dans le feu.

Son silence est soupir,
Une perle à ses yeux.
Et voilà qu’il respire
Et se renaisse pieux.

Pour vivre, il faut partir
Et se revenir vieux.
C’est de bois à mûrir
Que l’on fait les morveux.

Senescence, obligation; transcendance, élan profond

Il naissoit une nuit de Lune
Et sa voix est sa fortune.
Il mouroit une nuit sans Lune
Et il n’a pas d’ombre, aucune.

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