
Alors, mon oncle est entré, tremblant comme un jouet cassé.
L’abri de ses bras. Je me souviens de ça, l’odeur de café-tabac.
Mon oncle m’a regardé, trois mots dans ses dents serrées.
L’abri de ses bras, odeur café-tabac et il m’a dit: Je te crois.

To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!

Il est là, allongé, sous linceul, sur la table
Et tu déverses l’eau qui ruisselle sur son corps.
Quand il courait là-bas,
Vers la ligne du fort,
C’était pas pour le roi,
C’était pas vers la mort.
Il est là, allongé, sous linceul, sur la table.
Tu regardes couler l’eau, libre à elle, sans efforts.
Quand il courait là-bas,
Vers la ligne du fort,
C’était pas pour la foi,
C’était pas pour de l’or.
Il est là, allongé, sous linceul, sur la table;
Tu laves avec de l’eau le restant de son corps.
Quand il courait là-bas,
Vers la ligne du fort,
Il était vent et loi,
Il était le plus fort.
Il est là, allongé, sous linceul, sur la table
Et tu déverses l’eau qui ruisselle sur son corps.