Il nous faut déclasser les dieux!



Le grand lion qui bâille pour deux,
Il est de la Classe Feu.
On accorde à ce long ver
Une place dans la Classe Terre.
On voit bien, du pédalo,
Que le poisson est classé Eau.

Le serpent nous gêne un peu,
Car il est un entre-deux.
L’oiseau qui nage à l’envers
Entre dans la Classe Air.
Et on revient au serpent
Qui est faux, long et bien changeant.

Pour caser tous les restants,
Il faut la machine du temps.
Mais, elle n’est pas inventée;
Il va falloir attender.
Quatre classes, c’est bien trop peu;
Il nous faut déclasser les dieux!

Ce serpent, sur le gazon,
Entre dans la Classe Poison
Et, quand ça vient de l’enfer,
Tu mets dans la Classe Chimère.
Si on veut zoomer un peu,
Ils sont déjà bien plus de deux.

Et, si on peut zoomer mieux,
On voit bien des genres curieux.
Mais, ça nous regarde pas;
Allons nous mettre à l’endroit.
Je crois pas c’est rigolo
De faire durer ce truc idiot!

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Dans la chambre de blanc!

Je savais pas quoi dire à Maman, quand elle est à l’hôpital. Elle parle pas beaucoup. J’ai le scotch des mots; les autres lui disent tout. Je sais pas écrire et je dessine pas beau. Je sais pas quoi faire pour Maman, quand elle est à l’hôpital. Papa, il a su me lire :

Qu’est-ce que tu voudrais faire pour elle?
— Je voudrais lui sourire!

Il m’a donné un petit papier froissé où c’était écrit: Sourire. Quand je montre à Maman, elle se souvient le mien et c’est beau dans ses yeux.

Maintenant, elle parle plus; mais nous, on continue :
On se fait le sourire des yeux.

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La Complainte du Marmotton!


C’est un petit enfant marmotte
Qui chante la nuit, quand il s’ennuie.
Alors, il se prend des calottes
Et il se fait virer du nid.
Il va dehors, pour faire sa crotte
Et croque un peu dans un radis.
Il tente encore de faire une note;
Puis, il s’endort sur le tapis.
Il tente encore de faire une note;
Puis, il s’endort sur le tapis.

Il n’a plus rien pour ses quenottes
Et, parfois, le hibou le suit.
La nuit est une pluie de menottes;
Tous les dangers sont réunis.
Devant le cri de la hulotte,
Il entend bien qu’il est petit.
Alors, il va ranger ses bottes,
Aussi son petit parapluie.
Alors, il va ranger ses bottes,
Aussi son petit parapluie.

Il n’a pas froid, même s’il sanglote
Et la nuit est un paradis.
Alors, il s’assoit sur une motte
Et se remet à son cui-cui.
Quand il entend: Salut, mon pote,
Il sent bien que c’est le petit
Qui vient de lâcher ses carottes,
Pour venir s’asseoir près de lui!
Qui vient de lâcher ses carottes,
Pour venir s’asseoir avec lui!

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Il pleut sur les entours!


Tout au bout du parcours,
Au détour d’un détour,
J’ai encore moi tomber.

Dans le creux d’un labour,
Jusqu’à la fin des jours,
Je me suis allongé.

Dans le fond d’une cour,
Un cheval de retour
S’est remis sur ses pieds.

Il pleut sur les entours;
Il est à contre-jour
Et me tape du nez.

Non, ce n’est pas ton tour
Et tu gênes les labours.
Laisse-moi travailler!

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Les bois n’ont pas changé!




J’étais là, avec toi.
On était dans les bois,
Au printemps de l’été.

Tu marchais comme moi
Et on ne parlait pas;
J’entendais les souliers.

Il ne faisait pas froid;
On voyait, quelquefois,
Un brin d’oiseau pousser.

C’est pas la première fois
Qu’on allait dans les bois,
Pour aller s’aérer.

Tu marchais près de moi
Et le son de ta voix
S’est mis à vaciller.

T’as parlé de la joie
Qui gouvernait en toi
Et qui t’est retirée.

On était dans les bois
Et, dans un grand fracas,
Ma foi s’est écroulée.

Je savais pas dire quoi
Et la bête de moi,
Très fort, t’a enserré.

On était dans les bois;
Je me souviens de ça,
Le jour où j’ai mouré.

J’étais là, avec toi.
On était dans les bois,
Dans le printemps d’été.

Quand je vais dans les bois,
Je revois, quelquefois,
Un brin d’oiseau pousser.

Et toujours, je les vois
Et toujours, je les crois;
Les bois n’ont pas changé!

Bisoux, je pense à toi.
Je t’appelle autre fois;
Un oiseau va germer!

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Toujours, elle nous sourit!

Un jour, mama Yoté a croisé un fusil,
Un fusil pour tuer et avoir des envies.

Quand je l’ai regardée,
Le sourire dans son visage;
Elle y pensait aussi.

Elle m’a consolée,
Le jour de mon témoignage;
Je n’avais plus d’amies!

Toujours, elle nous sourit.

J’étais emmailloté
Dans le coeur de son corsage.
Moi, j’étais son petit.

Elle m’a répliqué:
Ne fais pas de commérage,
Puisque c’est ton ami.

Un jour, mama Yoté a reçu un écrit
Où c’était écrivé les mots qui tuent la vie.

Elle m’avait envoyé
Chercher un truc au village;
Je n’avais rien compris.

C’est quand elle a sauvé
Le vieux chien, au marécage.
Personne ne court ainsi!

Toujours, elle nous sourit.

Des mots sont raturés,
En bas de la première page:
A Yoté pour la vie!

Tous les mômes du quartier
Adorent quand elle les présage;
Elle a beaucoup grossi.

Un jour, mama Yoté a revu un esprit
Et l’esprit a crié: Demain, c’est pas fini!

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Quand Truccule danse!


Longues pattes réactives à la forme d’un pinceau,
Elle bouffe tout ce qui vive à la lumière de l’eau.
Toute son aile est olive et du blanc au cerveau.
Selon les perspectives, c’est le roi des oiseaux.

C’est si tant qu’elle est vive qu’on sait pas son plumeau.
Sinon, tu la vois pas; elle se cache comme un rat,
Et puis son trémolo, il est pas vraiment beau.

La Truccule pédoncule; alors son col est beau.
Le grand cygne recule et va pleurer sous l’eau.
Elle danse, Truccule, tout en peignant les eaux
Et colle la libellule à la gauche du tableau.

C’est dans un ballet-bulles qu’elle fait en tapant l’eau
Que la grande Truccule finit son numéro.
Sinon, tu la vois pas; elle se cache comme un rat.

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