Car ma mère l’a voulu!



Un pull un peu trop long
Lui remonte les manches
Et son grand pantalon
Lui entaille les hanches.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon.
On a vu le garçon,
Si courbé quand il penche,
Donner à un poisson
Une fleur de pervenche.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon.
Il ne porte rien de plus
Et il marche pieds-nus.

On a vu le garçon,
Accroché dans les branches.
On a vu le garçon,
A flotter sur une planche.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon.
On a vu le garçon
Danser avec ses hanches,
Dans son grand pantalon,
Une danse de comanche.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon.
Il est un peu menu
Et il dort dans la rue.


Il a marqué un but,
Pendant la première manche.
Les enfants ont voulu
Qu’il revienne, le dimanche.
Il a quitté la rue
Et sa chemise est blanche.
Chez nous, il est venu;
Car ma mère l’a voulu.

Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon!

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Les longs cheveux de l’Ondine!


Sa chevelure froissée
Ruisselle de tons cuivrés.
Doucement, elle est belle,
L’Ondine!

Son reflet délaissé
S’éloigne de ses pieds.
Alors, elle se révèle,
L’Ondine.

Le rocher harassé
Lui sert de cavalier.
Elle n’est plus infidèle,
L’Ondine.

Je n’ai pas oublié
Les temps du temps passé.
Toujours, je me rappelle,
L’Ondine!

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Pas à pas, vient l’Automne!


Je pense à la braise d’automne
Qui est là, pour les flambées
.

Le volet, épuisé,
Couine comme un bébé
Et le vent, brusquement,
Hurle comme un enfant.

Je pense à la chair des pommes
Qu’on ne va pas ramasser.

Je vois les clous cloutés
De la pluie se planter
Et le tonnerre blanc
Fait peur à mon enfant.

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C’est un oiseau qui gère ma vie!


C’est un oiseau qui gère ma vie;
Parfois, un poisson aussi.
Le dimanche, je leur jette du pain.

Aujourd’hui, j’ai pas d’appétit
Et, parfois, même je m’oublie.
Cette chance, je vois un écureuil.

J’ai ma famille qui vient lundi;
Ma dent me fait plus souci.
En revanche, je ne dors que d’un œil.

C’est un oiseau qui gère ma vie
Et, parfois, le ciel est gris.

Par prudence, je m’ai gardé du vin.

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L’enfant des marécages!


Il marche sur le chemin
Qui va aux marécages
Et il tient, dans sa main,
La peau de son visage.

Ce n’est plus un gamin,
Mais un enfant sans âge,
Depuis que les voisins
L’ont chassé du village.

Il a voulu, en vain,
Recoller son visage,
Le plaquant de ses mains
Et pleurât davantage.

Il quitte le chemin
Et entre aux marécages.
Il jette sa peau, au loin
Et se force au courage.

A la façon d’un chien
Qui sent venir l’orage,
Il s’endort dans ses mains,
Caché sous le feuillage.

Un reflet incertain
De la lune volage
Grava, pour le gamin,
Sur de l’eau, un visage.

Il cueillit, dans ses mains,
Son reflet d’enfant sage
Et le prit pour le sien,
Se donnant un visage.

Il est parti au loin,
Offrant, dans son sillage,
Tout l’amour que contient
Son cœur d’enfant sans âge.

Jamais, il ne revint
Dans son ancien village.
Moi, je sais qu’il va bien,
Qu’il a tourné la page.

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Le machin, c’est la clef!


C’est comme une galerie
De portraits si vivants.
Il fait toujours la nuit
Et leurs yeux sont méchants.

Tu marches sur un tapis
Qui se gorge de sang
Et l’escalier te dit
Que ton pas est crissant.

Dans le creux de ta main,
Un genre de chose-machin,
C’est ce que le Devin
Dit d’avoir dans la main!

Tu n’es pas rassuré;
Le machin a bougé
Et, dans ton poing serré,
Il se met à siffler.

C’est comme une galerie;
Y’a des portraits méchants,
Encore, ici, aussi
Et des armes d’antan.

Tu poursuis le tapis
Et tu as froid aux dents;
La porte a, c’est ainsi,
Quelque chose de vivant.

Dans le creux de ta main,
Tu serres bien le machin.
Si on croit le Devin,
Y’a que ça qui va bien.

Tu n’es pas amputé;
Le machin a claqué.
Et, de ton poing serré,
T’essaies de le briser.

C’est comme une galerie,
Là, encore, comme avant.
Mais là, c’est vite fini,
Deuxième porte bois-vivant!

Tu retrouves le tapis
Qui s’enfuit, en chuintant.
Tout de suite, tu l’occis;
Tu trouves ça trop gonflant.

Tu ramasses le machin
Et le mets dans un coin.
Pour la gueule du Devin,
Si, jamais, tu reviens
!

Tu ne peux pas entrer,
Car tu n’as plus la clef.

Tu n’es pas rassuré
Et tu voudrais rentrer.

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Le petit cri du chat!


Le petit cri du chat,
Qui s’enroule dans la lune,
Nous dit qu’il est pas là,
Qu’il se rêve dans les dunes.

La vieille souris, en bas,
Remarque, sur la lune,
La vilaine queue du chat
Et se cache dans les dunes.

Si le chat n’est pas là,
La souris croit la lune.
Elle va, de-ci, de-là,
Se faufile dans les dunes.

Le petit cri du chat,
Qui s’endort dans les dunes,
Nous dit qu’il restera,
Allongé, sous la lune.

Si le chat n’est plus là,
C’est qu’il est dans les dunes.
Toujours, il chassera
Les souris dans la lune!

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Dans le sang de la terre!


Il grava des rivières
Dans la peau de la terre.
Il changea les gravats
En des maisons de rois
.
Il arrosa les champs
D’un grand vent de printemps
Et il versa de l’eau
Sur l’été le plus chaud.

Il est parti, hier,
Ramener son grand frère.
Il est rentré, le soir,
Avec de grands yeux noirs.
Il a mangé un peu;
S’est mis auprès du feu.
Il desserre pas les dents
Et son frère est absent.

Il lava les chimères
Dans le sang de la terre.
Il régla le climat
Pour que ça bouge pas.
Et il montra les dents
Au démon du tourment.
On le tua dans le dos,
Quand il prit les drapeaux!

Il est parti, hier,
Retrouver son grand frère.
Il est rentré, le soir,
Avec de grands yeux noirs.
Il a mangé un peu;
S’est mis auprès du feu.
Il desserre pas les dents,
Comme son frère, en son temps.

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