La deuxième vie de Doody!


Doody étire ses bras et s’enfile dans un short. Il a trop lézardé; il attrape une pomme et essaie de filer. Sa maman n’est plus là. Son père boit un café; il va bientôt s’effacer. Doody le sait; c’est ce qu’il attendait.

Maman l’appelait pas Doody, mais Dominique. Son rire était blanc, ses cheveux longs et lents. Papa est emmerdant; il l’était avant. Doody a du mal à penser. Il entend le galop d’un enfant sur le gravier; son frère va arriver. Son père ne revient pas, car il est trop accablé. Les deux enfants ont froid et préfèrent rentrer. Doody, cette fois, n’est pas sûr de gagner.

Son frère court vers l’étang, en jetant son polo. Doody se donne à la joie de le rattraper. Le portrait de maman est sur le frigo, l’argent bien caché; ils ont l’été entier. L’épicier passe vendredi et lundi, le matin. Il fait toujours soleil; faut faire gaffe aux abeilles. Son frère est à la pêche; il s’est levé matin. Doody dort encore beaucoup.

Le portrait de maman fait que les regarder. Son frère lit une histoire. Il pleut dehors, beaucoup sur le rosier. Doody, rêveur, boit lentement dans son thé. Au grenier, il n’y a rien à croire, juste une chouette à surveiller. Doody la guette, quand elle est à sa fenêtre. Il regarde la chouette et se met à hurler, sans bruit, sans le savoir. Son frère le ramène près de la cheminée; ensemble, ils vont s’asseoir. C’est un peu bête, ce qui passe à la télé. Dehors, il ne fait pas noir.

Ce matin, c’est soleil; on peut pas en douter. Doody saute le petit-déjeuner. Son frère est déjà loin; il a prémédité. Doody repose la lettre et lorgne vers l’entrée. Il vérifie le pondoir et ramasse un panier. Il trouve les bières de son père derrière les cabinets et les cache au grenier. Il part vers l’eau, en traînant son bateau. Il est encore vers l’étang, quand son frère va rentrer. Ils ont trouvé ça bien de rester au grenier. Leurs ombres, sur le mur, commencent à s’ennuyer. A la première bière, Doody a roté. Son frère rit par secousses et finit par pleurer. Les affaires de son père, elles ont déménagé; Doody lance un regard clair à la chouette énervée. A la deuxième bière, Doody est fatigué; il s’endort sur son frère qui s’est mis à ronfler.

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J’ai connu mes larmes, ce jour-là!

Comment il me foutait les flippettes, lui, quand il racontait les histoires. Pourtant, il parlait pas à moi; il causait avec mon père; il était pas si tant plus vieux que moi. Il savait que j’écoutais. La dernière fois qu’il est venu, il a foncé droit sur moi; j’ai su qu’il allait partir, là-bas. Mes frères et moi, on lui a dit Au Revoir, autant fort qu’on pouvait; il a failli sourire; on a couru la voiture. J’ai connu mes larmes, ce jour-là!

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Je regarde la petite personne!


Je vois la petite personne; lentement, elle marche.
Elle n’a que peu de voilure, peut-être un handicap.
Je cours après, de toute ma figure et je la rattrape.
Je regarde la petite personne: c’est quoi ton nom?

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Ils ne s’approcheront pas!


Les gens sont passants, réguliers. Quand ils sont là, la rue se vide.
On n’entend pas leurs pas. Si peu de regards, si tant d’évitements;
C’est le règne du silence. Quand les gens sont là, on est tranquille;
Ils ne s’approcheront pas.

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C’est une empreinte douce!



C’est une empreinte douce comme un frisson de vent
Bien caché sous la mousse, le rocher a des dents

C’est la mesure du vide que te donne ton enfant
Et son air intrépide cache tes faux-semblants

C’est une empreinte douce comme un filet d’argent
Allongé sur la mousse, tu écoutes le vent

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Nul vraiment se souvient!


Brahmapoutre et Vistemboir
Se tenaient par la main
En ces temps de préhistoire
Quand ils s’entendaient bien

Brahmapoutre et Vistemboir
Se tenaient par la main
L’un était toute une histoire
L’autre était un crétin

Brahmapoutre et Vistemboir
Se tenaient par la main
Et ils combattaient l’espoir
Comme des orphelins

Brahmapoutre et Vistemboir
Se tenaient par la main
Un instant dans leur mémoire
En des temps incertains

Brahmapoutre et Vistemboir
Se tenaient par la main
L’un d’eux enseigne l’histoire
L’autre n’est pas un saint

Brahmapoutre et Vistemboir
Se tenaient par la main
Et à la fin de l’histoire
Nul vraiment se souvient!


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Qui connaît l’adulon?

— Tu sais ce qu’est un adulon?
— Non, j’sais pas.
— J’ai inventé ce mot, pour toi.
— Tu vois quoi?
— Tu es un adulon vrai, aussi toi.

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