
Alors, mon oncle est entré, tremblant comme un jouet cassé.
L’abri de ses bras. Je me souviens de ça, l’odeur de café-tabac.
Mon oncle m’a regardé, trois mots dans ses dents serrées.
L’abri de ses bras, odeur café-tabac et il m’a dit: Je te crois.

To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!

Il est là, allongé, sous linceul, sur la table
Et tu déverses l’eau qui ruisselle sur son corps.
Quand il courait là-bas,
Vers la ligne du fort,
C’était pas pour le roi,
C’était pas vers la mort.
Il est là, allongé, sous linceul, sur la table.
Tu regardes couler l’eau, libre à elle, sans efforts.
Quand il courait là-bas,
Vers la ligne du fort,
C’était pas pour la foi,
C’était pas pour de l’or.
Il est là, allongé, sous linceul, sur la table;
Tu laves avec de l’eau le restant de son corps.
Quand il courait là-bas,
Vers la ligne du fort,
Il était vent et loi,
Il était le plus fort.
Il est là, allongé, sous linceul, sur la table
Et tu déverses l’eau qui ruisselle sur son corps.

Quand que, moi, j’avais dix ans,
J’habitais où elle habite
Et ça faisait rire les glands:
J’avais une mère toute petite.
Mais, sais-tu que c’est géant
D’avoir une mère toute petite?
Tu ne fais plus le serpent,
Collé à une jambe en frite.
C’est pas un inconvénient
D’avoir une mère toute petite;
Tu te colles, entier-gluant,
Dans tout elle et t’en profite!

Le radio n’a pas tort;
On est encerclés.
On attend les renforts
Qui viennent pour clamser.
Y’en a un qui s’endort;
Il est fatigué.
Il fait plus un effort;
Lui, c’est Barnabé.
Y’en a un qui est fort;
Il fait que jurer.
Tiens, le noir n’est pas mort;
On le fait durer.
Ah, voilà le raccord;
Ils ont consommé.
Et, comme il pleut dehors,
Ils prennent un café.
On retourne dehors,
Pour tout canarder.
On voit pas le trésor
Qui est à nos pieds.
A défaut de trésor,
On trouve Barnabé.
Il a des mots très forts,
Avant de crever …

Tu regardes la mer et la mer, c’est tout ça.
C’est plus grand que la terre et puis tu viens de là.
Tu observes la mer. C’est con et c’est tout plat,
Un peu comme une rivière qu’on a coupé les doigts.
Tu souris à la mer, en agitant les bras.
Elle s’en tape, la mer, de tout ton cinéma.
Il n’y a rien à faire qu’à rester planté là.
Lentement, elle digère la trace de ton pas.
Tu retournes à la mer et la mer te veut pas.
Voilà le grand mystère; pourquoi tu reviens là?