
La goutte froide est tombée sur l’eau
Le son claqua et la goutte coula
L’instant d’après, il y eut les vagues
L’orage se carapate,
Libérant le soleil.
La brume se lève au lac;
Nul instant n’est pareil.

To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!

Dans le fond du jardin,
De l’aube, de la lavande
Et un bouquet de thym,
Le regard sur la lande.
Tous les arquets sont bons;
Il n’y a pas de traces.
Allons à la rivière;
Il y venait, hier.
Tout à côté du puits,
L’ombre des roses tendres;
Une chaise prend appui
Où le mur veut se fendre.
Le long piège à poissons
N’a pas changé de place.
Allons voir à l’étang;
Il y venait, souvent.
Dans le haut de la grange,
Des paupières se dessèchent;
Une faux, en alfange,
A côté d’une bêche.
Les lignes sont au fond;
Une d’elles se déplace.
Retournons par les bois;
Il y venait, parfois …
Tout au fond de l’aiguier,
Immobile, une perche;
Le lupin incliné
Que l’abeille recherche.

« C’est de la chair de Limane, finement ciselée et cuite en serpettes. Quand il s’affole, le Limane, il se tient tout figé. C’est alors que l’on peut le peler et le trancher, tout debout-vivant. Une autre variété, qui est plus saisonnière, a le collet tombant. Là, tu as le corps de Nector; Nector, c’est le chien qui n’a peur de rien et c’est pour ça qu’il est mort. On en fera du pâté. Il y a trop rien à garder et c’est pas lui qui viendra finir les restes! Ça, c’est du gonflement, de pois et de froment, pour éponger le sang de la sauce rouge. Après, tu mélanges tout; tu les sers. »

Je courais à pleine volée; j’avais encore ma chance. Mon frère venait de se faire manger par le rideau de pluie; c’était le dernier. Je courais comme un acharné; j’y étais déjà presque. Je me suis arrêté, c’était trop beau; j’étais dans le beau d’un tableau, pile en son centre: « L’herbe verte ondulait, spatulée; le soleil faisait brûler les jaunes et la pluie zébrait ses rayons de miel. » De grosses gouttes tintèrent mes épaules; je courais à pleine volée; je n’ai pas été trempé. Victoire!

Un brouillard humide lèche le front des arbres
La brume étend ses doigts et tente de s’insinuer
De petits nuages laineux courent la lande
Le berger qui les mène est un vent prudent
Quelques rais de lumière dans les cheveux des arbres
Les feuilles mortes craquent et la fougère crisselle
Le geai a déjà crié; une tiédeur profonde
Et un parfum d’années emplissent les bois

C’est bon, mes légumes, je les garde; j’en ai marre de les gaspiller. Je t’ai fait une bouffe comme ta pension. Je t’ai fait une purée-jambon. Sauf que je l’ai faite à ma façon : La purée, je l’ai mise en montagne; j’ai posé un œuf dessus, pour faire volcan. Sur les flancs, j’ai mis du Schproutsse, pour faire la lave. Non, le Schproutsse, c’est pas du Ketchup, c’est le Sang des Morts!

Papa, il court à deux,
Avec quelques amis.
Il mange encore très peu;
Il n’a pas l’appétit.
Papa, il n’est heureux
Que quand c’est mercredi.
Il me promène un peu;
Me montre à ses amis.
Papa, il boit un peu,
Le soir de mercredi.
Il dit qu’il est joyeux
Et que c’est beau, la vie.
Maman viendra, demain,
Me chercher pour l’école.
Et puis moi, dans tout ça?

Un pull un peu trop long
Lui remonte les manches
Et son grand pantalon
Lui entaille les hanches.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon.
On a vu le garçon,
Si courbé quand il penche,
Donner à un poisson
Une fleur de pervenche.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon.
Il ne porte rien de plus
Et il marche pieds-nus.
On a vu le garçon,
Accroché dans les branches.
On a vu le garçon,
A flotter sur une planche.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon.
On a vu le garçon
Danser avec ses hanches,
Dans son grand pantalon,
Une danse de comanche.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon.
Il est un peu menu
Et il dort dans la rue.
Il a marqué un but,
Pendant la première manche.
Les enfants ont voulu
Qu’il revienne, le dimanche.
Il a quitté la rue
Et sa chemise est blanche.
Chez nous, il est venu;
Car ma mère l’a voulu.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon!

Sa chevelure froissée
Ruisselle de tons cuivrés.
Doucement, elle est belle,
L’Ondine!
Son reflet délaissé
S’éloigne de ses pieds.
Alors, elle se révèle,
L’Ondine.
Le rocher harassé
Lui sert de cavalier.
Elle n’est plus infidèle,
L’Ondine.
Je n’ai pas oublié
Les temps du temps passé.
Toujours, je me rappelle,
L’Ondine!