Tu vois la pipistrelle, près de la fleur au miel
Tu vois la lune d’eau, sur son reflet d’argent
Tu vois l’ombre de l’oiseau traversant le ciel
T’as froid; « Grand-père, encore un instant! »
(c’est mieux, les vieux, pour la nuit)
Un sourire, un poème!
Ce grand livre ouvragé,
Au doux parfum butyle,
Il me sert à ranger
Mon nécessaire d’exil.
Mes soucis, mes erreurs
Et le temps indocile.
Ce qui fait que la peur
Fait se coucher le Nil.
Mes haines, mes amitiés
Et le monde en péril.
Le grand rire du dernier
Et les chagrins subtiles.
Du respect pour l’honneur
Et des amours reptiles.
Un grand souci de l’heure
Et des hontes imbéciles.
Je vais y faire entrer
Des rires et des babilles.
Des vieux os à ronger
Et des oiseaux qui trillent.
Ce n’est pas par humeur
Que je fabrique une île,
Un rêve accroche-cœur
Pour un monde en péril!
Les rumeurs de l’été,
Vas-tu rester gracile?
Le grand cri du dernier,
Dans un temps immobile.
Je le vois ; il avance au ralenti ; il ne peut plus procéder. Son fond de pensée, la rue se cristallisent. Il semble neiger tout blanc.
Il ne fera pas de malaise, non ; mais, il n’est pas sauvé.
Il a pensé comme moi ; on lézarde au même endroit et son corps mince semble s’évaporer. C’est un Absent aussi ; ça m’a surpris.
Sa mère dit à l’envi qu’il est bon gars ; il le croit aussi.
Il se glisse, petit à petit, entre le jour et la nuit ; il est en partance. Bientôt, il ne va plus voyager. C’était un marin; on a trinqué.
On dira rien de lui, c’était un ami, qu’il est déjà parti.
C’est un petit ange blond, sur fond bleuté ; il commence à s’estomper. Je le reverrai là-bas, près du cinéma, sur le banc de la jetée.
C’est l’enfant d’un Absent; et que, donc, il attend.
Encore le ralenti! Cette fois, c’est un petit vieillard, appauvri de lunettes. Il pleut sur lui ; mais il reste immobile, parlant à la fenêtre.
Lui, il a déjà choisi; il me salue d’un geste de la main.