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J’ai tant prié le ciel,
Pendant toutes ces années!

Ton dieu n’ a jamais dit
Qu’il ferait les choses, à ta place.

J’ai tant prié le ciel,
Pendant toutes ces années!

Ton dieu n’ a jamais dit
Qu’il t’interdisait de te tromper!

Il est des mots, en moi, qui m’isolent de la planète.
Mots que je ne saurais dire qu’à des oreilles muettes!

A l’âge du cartable,
On se fait créduliser.
A l’âge du notable,
On se plaît à enfumer.

A l’âge raisonnable,
On ne sait plus quoi penser.
A l’âge vénérable,
On se fait vite enterrer.

Dis, mon gars, t’as quel âge,
Pour continuer à jouer?
Veille à paraître plus sage
Et prend un air constipé!

Sur l’autre banc tout gelé,
Se sont posés deux ados.
Moi, je me suis approché,
Leur ai demandé des mots.

Fille se soucie de sa mère,
Que le virus pourrait tuer.
Un peu aussi du scolaire,
Mais sans se traumatiser.

Lui, il crache un peu en l’air
Et ne pense qu’à s’amuser.
Même si la vie est précaire,
Garçon ne veut rien rater.

Soudain, la bien jolie paire
De moineaux reconfinés
M’appelle à un rire sincère.
Homme se met à rigoler.

On n’est pas sorti de l’auberge,
On ne sait sur quel pied danser!
Pour éviter trop de gamberge,
J’emmène le chien se promener.

Je crois que, pour les gens, de leur mort, ce qui est funeste.
C’est, non pas mourir, mais être seul, en ce dernier moment.

Retour à ma cigarette,
Je me recentre en dedans.
Tu jacasses et tu caquettes,
Sans rien dire d’intéressant.

Je fume ma cigarette
Et j’ignore si je t’entends,
Une eau calme dans ma tête!
Tu continues ton cancan.

Dans ma main, une allumette.
Il ne me reste pus qu’à trouver
Un grattoir assez honnête
Pour pouvoir nous éclairer!

Il est, entre tous les pouvoirs, un que je chéris :
C’est le pouvoir de ré-enchanter, quoiqu’il arrive!