Today, c’est le jour de la Sainte Extase, si, si.
Une lumière qui m’invite traverse ma fenêtre.
Une mouche s’est levée à l’aurore pour vaquer.
Je suis dans mon linceul; tout ce qui est à naître
Vient pour me convoquer; je n’ai plus qu’à dire oui.
Je vais pas vérifier!
Le trou de Vide!
Entre jour et la nuit !
Je le vois ; il avance au ralenti ; il ne peut plus procéder. Son fond de pensée, la rue se cristallisent. Il semble neiger tout blanc.
Il ne fera pas de malaise, non ; mais, il n’est pas sauvé.
Il a pensé comme moi ; on lézarde au même endroit et son corps mince semble s’évaporer. C’est un Absent aussi ; ça m’a surpris.
Sa mère dit à l’envi qu’il est bon gars ; il le croit aussi.
Il se glisse, petit à petit, entre le jour et la nuit ; il est en partance. Bientôt, il ne va plus voyager. C’était un marin; on a trinqué.
On dira rien de lui, c’était un ami, qu’il est déjà parti.
C’est un petit ange blond, sur fond bleuté ; il commence à s’estomper. Je le reverrai là-bas, près du cinéma, sur le banc de la jetée.
C’est l’enfant d’un Absent; et que, donc, il attend.
Encore le ralenti! Cette fois, c’est un petit vieillard, appauvri de lunettes. Il pleut sur lui ; mais il reste immobile, parlant à la fenêtre.
Lui, il a déjà choisi; il me salue d’un geste de la main.
A l’heure de la Chauve-Souris!
Je m’escale dans le temps et m’arrête dans un moment improbable. J’ai une mémoire de mérovingien pour ce qui est de l’enfance, de la nature, des images et des instants de froid. Le froid ouvre la porte d’un maintenant où rester; la nuit le fait aussi. C’est à travers le presque froid et la presque nuit que j’ai commencé. J’avais presque les dix ans quand j’ai appris l’heure de la chauve-souris, que j’aurai ma présence seule en le dedans de tout ceci!
On y passait par devant!
Le carillon, tel un grelot dans le vide, sonne.
Il y a bien eu un temps
Où quelqu’un était dedans;
Mais son consentement
N’était pas évident.
La maison s’est refermée, comme un poulailler.
On y passait par devant,
En s’en allant vers l’étang,
En revenant des champs,
En tournant au tournant.
On voit pas les fenêtres; les rideaux condamnés.
L’orée des bois, le matin!
Un brouillard humide lèche le front des arbres
La brume étend ses doigts et tente de s’insinuer
De petits nuages laineux courent la lande
Le berger qui les mène est un vent prudent
Quelques rais de lumière dans les cheveux des arbres
Les feuilles mortes craquent et la fougère crisselle
Le geai a déjà crié; une tiédeur profonde
Et un parfum d’années emplissent les bois
Les belles âmes d’Icila!
Ce sont des âmes libres qui peuvent s’intéresser,
De petits cœurs qui vibrent et apprennent à chanter.
Ce sont des âmes libres;
Jamais, leur équilibre
N’est un succédané.
Un chevalier de rang
Un cavalier de bois
Quelques fois un enfant
D’un cheval fait sa joie …
Ce sont des âmes vives qui savent interpréter.
Nulle aucune ne dérive; elles sont d’antiquité.
Ce sont des âmes vives,
Bien formées à l’esquive
Et qui savent pardonner.
Un cavalier de sang
Un chevalier de loi
Quelques fois un enfant
Que le cheval voit pas …
Ce sont des âmes belles, à damner le damné
Et son rictus cruel peut pas les empêcher.
Ce sont des âmes belles,
Bien avant les rituels,
Qui ne savent condamner.
Un cavalier d’argent
Un chevalier de foi
Quelquefois un enfant
Qu’un cheval suit au pas …
Ce sont des âmes fortes, bien autant qu’un portier.
Et dans les natures-mortes, tu peux pas les trouver.
Ce sont des âmes fortes
Et elles feront en sorte
D’offenser les passés!
Le rideau de pluie!
Là où va le sable blanc!
Mes pieds se posent bien à plat
Je descends lentement
Je marche sur un sable ras
Et j’avance prudemment
Le sable est un calme plat
Et j’oscille dans le vent
J’hésite, je veux rester là
Mon pas part en avant
Où, le silence se tait pas
Où il hurle dans le vent
C’est pour ça que j’y vais pas
Ce n’est pas très prudent
J’attends que revienne mon pas
En prenant le moment
Le moment est juste là
Sur un grand sable blanc
Et le vent me parle tout bas
Comme il faisait avant
Je rentre, imitant mon pas
Je respire doucement