Les fougères étaient fauves et roussissaient. On entend le vent craquer dans les conifères. La bruyère était sèche; un geai criait, au loin. Un ruisselet, tragique, finissait de s’écouler. Une libellule étale, sur un jonc, hors temps. La lumière était étrange, comme aveuglée!
Je regarde mon Amour de renaître, après toutes ces années. Il saute, de visage en visage, et, d’un être à une fenêtre ; il ne M’a pas déserté. Par la fenêtre, passe l’insecte ; les bois sont Verts-bleuté ; on entend toutes les images de la vie sacrée !!
Vient le vent qui s’accroche au portail; Je vais m’assoir devant. Vient le temps et toutes ses funérailles; Je vais m’assoir devant. Vient le chant de cet épouvantail; Je vais m’assoir devant. Le printemps est le temps des semailles; Je vais m’assoir devant. Et l’Autan vient secouer les clochailles; Je vais m’assoir devant.
Je me souviens, j’étais dans un moment sombre. La pluie picotait la terre. L’éclair revenait, toutes les quinze secondes, Pour me donner la lumière. Le tonnerre redondant rebattait les ondes; J’aimais sa musique sévère.
Today, c’est le jour de la Sainte Extase, si, si. Une lumière qui m’invite traverse ma fenêtre. Une mouche s’est levée à l’aurore pour vaquer. Je suis dans mon linceul; tout ce qui est à naître Vient pour me convoquer; je n’ai plus qu’à dire oui.
Un brouillard humide lèche le front des arbres La brume étend ses doigts et tente de s’insinuer De petits nuages laineux courent la lande Le berger qui les mène est un vent prudent
Quelques rais de lumière dans les cheveux des arbres Les feuilles mortes craquent et la fougère crisselle Le geai a déjà crié; une tiédeur profonde Et un parfum d’années emplissent les bois
Un pull un peu trop long Lui remonte les manches Et son grand pantalon Lui entaille les hanches. Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon. On a vu le garçon, Si courbé quand il penche, Donner à un poisson Une fleur de pervenche. Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon. Il ne porte rien de plus Et il marche pieds-nus.
On a vu le garçon, Accroché dans les branches. On a vu le garçon, A flotter sur une planche. Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon. On a vu le garçon Danser avec ses hanches, Dans son grand pantalon, Une danse de comanche. Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon. Il est un peu menu Et il dort dans la rue.
Il a marqué un but, Pendant la première manche. Les enfants ont voulu Qu’il revienne, le dimanche. Il a quitté la rue Et sa chemise est blanche. Chez nous, il est venu; Car ma mère l’a voulu.
Ma mère, elle dit que non, que c’est un bon garçon!
Quand on est en été, c’est qu’on court vers l’hiver. Le jour va s’incliner et on perdra le vert. Le temps, je le vois passer comme un oiseau dans l’air. Mais, c’est la vérité, je sais à quoi ça sert.