
« Je leur voudrais des ailes pour qu’ils dansent dans les cieux,
Comme font tous les mômes, quand ils se sentent heureux. »
To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!
C’est pour ça, je sais pas;
Je ne l’ai pas trouvé.
C’est pas faute de moi;
Je l’ai longtemps cherché.
C’est pour ça, je sais pas.
Je peux rien te diser.
Il était une fois,
Un jour peut arriver.
C’est pour ça, je sais pas.
Je ne peux pas t’aider.
Tu devras faire ton choix
Et tout recommencer.
C’est pour ça, je sais pas.
Mais, tu peux demander.
Il y a, dans ma voix,
Un fond de vérité.
Quand que, moi, j’avais dix ans,
J’habitais où elle habite
Et ça faisait rire les glands:
J’avais une mère toute petite.
Mais, sais-tu que c’est géant
D’avoir une mère toute petite?
Tu ne fais plus le serpent,
Collé à une jambe en frite.
C’est pas un inconvénient
D’avoir une mère toute petite;
Tu te colles, entier-gluant,
Dans tout elle et t’en profite!
Tu regardes la mer et la mer, c’est tout ça.
C’est plus grand que la terre et puis tu viens de là.
Tu observes la mer. C’est con et c’est tout plat,
Un peu comme une rivière qu’on a coupé les doigts.
Tu souris à la mer, en agitant les bras.
Elle s’en tape, la mer, de tout ton cinéma.
Il n’y a rien à faire qu’à rester planté là.
Lentement, elle digère la trace de ton pas.
Tu retournes à la mer et la mer te veut pas.
Voilà le grand mystère; pourquoi tu reviens là?
Les yeux clairs, le crâne au vent,
Un scarabée Front-Devant
S’en allait obstinément.
Ses pattes tiennent à la brindille.
Il avait pas froid aux dents,
Ce scarabée Front-Devant,
A ramper sur la jonquille.
Un papillon Mauvais-Sang
Lui a dit, dans un tournant :
« Si le soleil flambe autant,
C’est pour mieux voir ce qui brille.
Libre à toi, évidemment,
De ramper en t’acharnant;
Mais, tu rateras les quilles. »
« Libre à toi, le Mauvais Sang,
Te gonfler de vantements,
Tout cramer en un instant
Et puis mourir pour une quille.
Je vais au prochain tournant;
On m’attend depuis longtemps.
Je rends visite à ma fille. »
Le scarabée Front-Devant
Laissa là le garnement
Et, dans un envoûtement,
Il repartit en godille.
Le papillon Mauvais-Sang
Lui jeta des détruments
Et il reprit sa scintille.
Ce môme-là, c’est une assiette à frites. Il campe dans la cuisine, quand sa mère fait à bouffer. Il est gentil et attentionné. Il rajoute des patates dans la pile, quand sa mère a le dos tourné.
Celui-là, il est monté sur piles. Il rit, il chiale, on peut pas l’arrêter. Il faut lui scotcher les cils, pour pouvoir l’endormer. Il utilise les patates pour apprendre à jongler.
Ce môme-là, c’est plutôt une fille, le genre garçon manqué. Elle bat ses frères aux billes et elle leur fout des raclées. Elle se sert des patates pour les caillasser.