Une route solitaire
Que d’apprendre à se taire.
Une voie dégagée
Que d’apprendre à parler.
Mais il y a plus probant :
Faire les deux en même temps!
Le vent grelet parle à mes sens!
Les flammes tourbillonnent en un flux lent; leur reflux est à peine perceptible. Le vent est parcellaire; il peigne les herbes. La chaloupe inclinée protège leurs yeux du phare; ils dorment sur des couvertures. Les craquements du feu sont les seuls bruits sur la grève. Le vent grelet parle à mes sens; ils sont toujours là-bas. Le soleil est jaune; une corneille se pose sur la chaloupe, à l’affût de quelque miette. Le temps passe lentement; un chien s’évade, en longeant la crête …
Je pose un bol de lait chaud!
Ce n’est pas un mot usé!
A la Passe d’Amane!
« A la Passe d’Amane, tu verras l’étranger. Escorte-le jusqu’au village! » Aymeric a onze ans et il a l’esprit vif.
Jusqu’à leurs dix ans, les enfants restent avec les femmes ou ils vont à la rivière; on ne les fait pas travailler; mais, ils peuvent participer. Pour que règne le calme, deux vieux jouent de leur musique et regardent; souvent, les mamans fredonnent.
Aymeric a trouvé l’étranger. Un instant, il l’observe: ses longs cheveux, des yeux qui regardent, un teint lunaire. L’étranger prend ses affaires et rejoint l’enfant. Il est curieux de tout, car il ne connaît pas; il vient de là-bas. L’étranger porte à son cou un flûtiau. Aymeric n’en n’a jamais vu; mais, il sait que c’est pour la musique; il attend. Assis près du feu, l’étranger joue une plainte plaintive. Les deux vieux s’installent à son côté. L’étranger est debout; son pied frappe la cendre; le feu lance des reflets oranges.
A leurs dix ans, ils commencent à suivre la traque et comprendre la pluie; ils aideront un peu plus, aussi.
A la Passe d’Amane, Aymeric salue l’étranger. Il porte à son cou le flûtiau donné; un jour, il prendra la passe, pour visiter l’étranger …
C’était aux actualités!
Un vol de corneilles!
Un vol de 3 grands corbeaux, avec 2 plus petits qui, alignés, composaient la hampe d’une flèche, traversa lentement le ciel. On aurait une flèche noire perforant les cieux; le temps était avec. J’a dit 2 plus petits; j’a pas dit leurs petits et j’a pas dit non plus 2 corneilles; bien qu’ils me semblassent d’une toute autre espèce.
Je m’allonge bien droit!
Je m’allonge bien droit, les deux mains sur ma poitrine. Je respire lentement. Je vois se refermer le couvercle. On me transporte. On me pose debout. La porte s’ouvre doucement. Il y a la mer; je me prends le feu de brûle d’un étrange et merveilleux soleil. Un petit temps, je suis en réveil; puis, je suis autre enfant!