On dit qu’il y a le bien, le mal, le paradis et l’enfer. On dit, qu’au début, il y avait le ciel et la terre. On parle de Big-bang. Mais ce n’est que l’avis de singes blancs, sur une tout petite terre.
Je vais vous raconter ce qui s’est réellement passé.
Au commencement, il y avait un grand vers. Un grand vers blanc et un grand univers. Le vers a mangé l’univers, terre après terre. Il a tout dévoré. Maintenant, il ne reste rien. Le grand vers a faim. Il attend, vautré, à ne rien faire.
Le vers, c’est un grand tube élastique, avec deux bouts, deux bouches fort peu sympathiques. D’un côté, il y a Saturnin. De l’autre, il y a La Mère. Avant, c’était un couple exemplaire. Mais, Saturnin avait toujours faim. Il n’y pouvait rien. La Mère arrosait les déserts, en vrai jardinier. Elle chantait aux singes blancs, en des terres azurées!
Comme ils ne sont plus qu’eux deux, ils ne font que s’engueuler. Quand La Mère tire vers l’avant, Saturnin tire vers l’arrière. Leur grand corps élastique finit par céder et se scinder en deux. Ils sont deux, maintenant, à vivre séparément.
Saturnin n’est que ventre. Il veut l’adultère. La Mère veut un amant plus charmant. D’un coup de pied au ventre, elle se débarrasse du sien. Saturnin a mal à en dégueuler. Il vomit tout l’univers. L’univers reprend sa place entière. C’est aussi le retour de la vie-semence. C’est ici que commence l’histoire des singes blancs.
Ici, assurément, ça devient l’enfer. A dire ça, je ne crois pas qu’on exagère.
Moi, ce qui me ferait vraiment flipper, ce serait de voir ce vieux couple se rabibocher. Ce serait de voir le grand vers se reconstituer. Ce serait de voir tout recommencer, sans pouvoir rien y faire.
Sans pouvoir dire : Arrêtez, c’est assez!