Son corps mince lové sous un rocher,
Il ne savait pas pourquoi il courait.
Il essayait de respirer, de se calmer.
Très jeune, à peine quatorze ans!
Il était sûr de fuir un danger.
Il allait dormir, là, un moment.
Et si, demain, ça recommençait?
Cela faisait longtemps qu’il courait!
Inspiration?
Rage!
H-Humains!
Humains! Humains sous handicap, mais Humains! Humains, tout court!
Regardez une course de haies! Vous voyez des chevaux.
Quand on les aligne au départ, ce sont des chevaux, tous des chevaux.
Il y a des chevaux rouges, des chevaux noirs et des chevaux blancs.
Il y a des chevaux tachetés, des chevaux rayés et des chevaux à pois.
Ils sont, à peu prés, de même valeur, de mêmes capacités.
Tous pareils, au départ de la course, à égalité!
Ce sont toujours, tous, des chevaux.
D’autres espèces se fracturent, juste pour une histoire de couleur. Mais, pas eux. Eux, ils courent. C’est parti!
A la première haie, au premier handicap, tout peut, tout va changer!
Première haie, un se cabre, un autre s’étale et deux s’emplafonnent.
Et c’est reparti, jusqu’à la prochaine haie!
Ceux qui sont passés courent, l’air léger. Ce sont toujours des chevaux!
Restent trois chevaux sur le carreau. Un est blessé, l’autre cassé et le troisième est boiteux. Ceux qui sont restés sont débaptisés.
On les appelle des Handicapés et, déjà plus, des chevaux.
Ce ne sont plus que des bestiaux.
Pourquoi ne leur rend-t’on pas le nom qu’ils avaient avant, il y a quelques minutes encore, quand ils couraient parmi les autres?
C’est comme arracher verbalement leur peau.
C’est une mise au ban, cruelle et assassine.
Je vois l’homme en criminel, à large échelle.
Il n’y a pas lieu, ici, de nuancer!