Pour durer, l’âme du poète
Doit, parfois, se reposer.
L’occasion de faire la fête
Et d’aller se promener!
Pour chanter, l’âme du poète
Se doit de bien s’équiper.
J’irai, donc, faire des emplettes
De plumes, d’encre et de papier.
Mes jolies plumes sont usées,
Il me faut les remplacer.
Je vais aller en chercher,
Avec le soin d’un limier.
Je veux la plume-lunette
Que cisèle l’épervier,
Pour observer la planète,
Du fond de mon encrier.
Du geai, la plume-trompette,
Pour pouvoir mieux alerter
Et une plume de chouette,
Afin de me faire flasher.
Pour ce qui est du papier,
Je n’ai plus qu’à me baisser.
La brassée de feuilles séchées
Sera, comme pâte, étalée.
Étendue à ma fenêtre,
Comme un vélin à graver,
Elle s’incruste du bien-être
Du beau soleil de l’été.
Je vole vers la lune-sœurette,
Pour remplir mon encrier.
Concoctée d’une main honnête,
Mon encre sert à crier!
J’ai, comme tous, une recette,
Dont je garde le secret.
Désolé, elle est discrète,
Je ne peux rien dévoiler.
Je rechausse mes lunettes
Et laisse venir les idées.
J’affûte la plume de chouette
Et je me laisse imprégner!