To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!
De l’endroit où j’étais et du temps qu’il faisait?
Il n’y a, tu sauras, qu’un seul Roi de Pique.
Si les rois étaient deux, ce s’rait pas le même jeu.
De l’endroit où j’étais et du temps qu’il faisait?
Le vent parle à mi-voix et l’enfant est artiste.
Tu n’es pas indulgent et tu n’es pas patient.
De l’endroit où j’étais et du temps qu’il faisait?
Si tu vas par là-bas, tu trouveras personne;
C’est au bout du couloir; mais tu es en retard.
De l’endroit où j’étais et du temps qu’il faisait?
La pluie effraie les toits;
De longues gouttes d’eau,
En forme de longs doigts,
Rampent sur les carreaux.
Si le feu est de braise,
Il fait même un peu froid.
J’opte pour une chaise,
Pour ce qui est de moi.
La nuit est restée fraîche
Et le silence est faux.
Alors que je me sèche,
Je t’entends dire trois mots:
« Demain me reverra. »
La fleur de l’automne n’est pas une nature-morte.
Une goutte de rosée et elle sourit encore.
C’est à l’imparfait que les désirs se conjuguent.
Il paraît que c’est vrai que tu ne saches pas.
Tu es abandonné là, sur le bord de la route;
Ton coeur est en chamade.
Le camion s’arrête pas et la pluie te déroute;
Tu hoquètes par sacccades.
Je sais pas pourquoi, j’ai l’humeur bretonne, aujourd’hui. Je suis obstiné.
Je m’échine à m’écharper sur des caillasses qui sont là où je veux nager.
Je n’ai plus rien à maudire; j’ai fait mon temps.
Place, place; l’avenir, c’était avant.
Il est là, allongé, sous linceul, sur la table
Et tu déverses l’eau qui ruisselle sur son corps.
Quand il courait là-bas,
Vers la ligne du fort,
C’était pas pour le roi,
C’était pas vers la mort.
Il est là, allongé, sous linceul, sur la table.
Tu regardes couler l’eau, libre à elle, sans efforts.
Quand il courait là-bas,
Vers la ligne du fort,
C’était pas pour la foi,
C’était pas pour de l’or.
Il est là, allongé, sous linceul, sur la table;
Tu laves avec de l’eau le restant de son corps.
Quand il courait là-bas,
Vers la ligne du fort,
Il était vent et loi,
Il était le plus fort.
Il est là, allongé, sous linceul, sur la table
Et tu déverses l’eau qui ruisselle sur son corps.
C’est pour ça, je sais pas;
Je ne l’ai pas trouvé.
C’est pas faute de moi;
Je l’ai longtemps cherché.
C’est pour ça, je sais pas.
Je peux rien te diser.
Il était une fois,
Un jour peut arriver.
C’est pour ça, je sais pas.
Je ne peux pas t’aider.
Tu devras faire ton choix
Et tout recommencer.
C’est pour ça, je sais pas.
Mais, tu peux demander.
Il y a, dans ma voix,
Un fond de vérité.
Tout d’abord le marché, trois endives, deux poireaux, des patates.
La lumière est sur le trottoir; le soleil est beau. Le pain qui va bien.
Arrêt au bistro, petit noir-deux doigts d’eau, trois feuillets du journal.
Retour sur le trottoir, le soleil reste beau; le vent froid est transitoire.
La voisine est ravie, son enfant vient bientôt; elle a moins mal au dos. Puis se faire à manger, le chat qui veut rentrer. La fenêtre à guetter, c’est l’hiver qui se passe. Il n’y aura que moi, ce soir …