C’était un mercredi de 4 février!


Faith a travaillé comme une fourmi en apnée, au magasin, toute la semi-journée. Elle se dépêche; son petit garçon, Hope, est entré à l’Office, en lui faisait un petit signe de la main. Il doit se re-baptiser lui-même; les Agents contrôlerons. Il devrait bientôt ressortir.

Faith allume une cigarette sans y penser. Son parapluie est mouillé.
Elle a froid, mais elle sait attendre. A côté d’elle, une petite voix dit : « Maman! » Elle répond : « Pardon, chérie, désolée! » et elle jette la clope dans son sac. Sous ses lunettes, l’enfant réprouve, mais ne dit plus rien.

— Tu crois qu’il aura un nouveau nom, Hope, quand il va ressortir?
Je peux vraiment faire mon gâteau et mettre le cidrulon au frais?
— Je le crois, Youth. Hope a beaucoup grandi; il est temps d’adapter son nom. Mais je veux pas prier; quand ton père est sorti de là, il s’appelait Chameleon et puis on s’est fâchés.
— Moi, ça me ferait trop réjouir qu’il s’appelle Liberty-kid.
— Me dis pas que tu l’as soufflé?
— Non, non, c’est lui qui a choisi. Attends, son premier choix, c’était: Kid-karaté-tout-chambouler-dans-la -vie-de-Maman-pour-lui-faire-la-surprise-en-rentrant. Hope n’est pas une erreur de jeunesse; il t’était destiné.

Elle attrape la gamine au vol et dérive sur le trottoir, jusqu’à l’échoppe de Light. Elle y achète la farine, deux oeufs, du cidrulon et 8 bougies. De nouveau, le trottoir; sous son parapluie, Youth chantonne. Elles arrivent à l’Office, sous un temps grisé.

— C’est comment t’as eu ton nom de Faith?
— C’est ta grand-mère Félicity que me l’a opté, il y a 5 ans. Tu sais qu’elle vient chez nous à Noël; ils vont la laisser sortir. Ce que je t’ai pas encore dit, c’est qu’elle s’appelle Sérénity.
— Personnellement, j’ai toujours trouvé que, Madness, ça lui allait trop pas. Tu penses qu’il aura pardonné à Papa, quand il sortira?
— Je suis pas dans sa tête; mais je l’espère.

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Il nous faut déclasser les dieux!



Le grand lion qui bâille pour deux,
Il est de la Classe Feu.
On accorde à ce long ver
Une place dans la Classe Terre.
On voit bien, du pédalo,
Que le poisson est classé Eau.

Le serpent nous gêne un peu,
Car il est un entre-deux.
L’oiseau qui nage à l’envers
Entre dans la Classe Air.
Et on revient au serpent
Qui est faux, long et bien changeant.

Pour caser tous les restants,
Il faut la machine du temps.
Mais, elle n’est pas inventée;
Il va falloir attender.
Quatre classes, c’est bien trop peu;
Il nous faut déclasser les dieux!

Ce serpent, sur le gazon,
Entre dans la Classe Poison
Et, quand ça vient de l’enfer,
Tu mets dans la Classe Chimère.
Si on veut zoomer un peu,
Ils sont déjà bien plus de deux.

Et, si on peut zoomer mieux,
On voit bien des genres curieux.
Mais, ça nous regarde pas;
Allons nous mettre à l’endroit.
Je crois pas c’est rigolo
De faire durer ce truc idiot!

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Dans la chambre de blanc!

Je savais pas quoi dire à Maman, quand elle est à l’hôpital. Elle parle pas beaucoup. J’ai le scotch des mots; les autres lui disent tout. Je sais pas écrire et je dessine pas beau. Je sais pas quoi faire pour Maman, quand elle est à l’hôpital. Papa, il a su me lire :

Qu’est-ce que tu voudrais faire pour elle?
— Je voudrais lui sourire!

Il m’a donné un petit papier froissé où c’était écrit: Sourire. Quand je montre à Maman, elle se souvient le mien et c’est beau dans ses yeux.

Maintenant, elle parle plus; mais nous, on continue :
On se fait le sourire des yeux.

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Les mots de Barnabé!


Le radio n’a pas tort;
On est encerclés.
On attend les renforts
Qui viennent pour clamser.

Y’en a un qui s’endort;
Il est fatigué.
Il fait plus un effort;
Lui, c’est Barnabé.

Y’en a un qui est fort;
Il fait que jurer.
Tiens, le noir n’est pas mort;
On le fait durer.

Ah, voilà le raccord;
Ils ont consommé.
Et, comme il pleut dehors,
Ils prennent un café.

On retourne dehors,
Pour tout canarder.
On voit pas le trésor
Qui est à nos pieds.

A défaut de trésor,
On trouve Barnabé.
Il a des mots très forts,
Avant de crever …

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La longue vie de Nobody!


Une épaule à souffrir et la mort du dentier.
Une absence de sourire, puis il s’est enfermé,
Nobody.

La machine à écrire et le papier froissé.
Une odeur de soupirs, le carillon cassé.
Nobody?

Une vieille poële à frire et l’enfer de l’évier.
Une rampe à tenir, puis l’étroit escalier.
Nobody!

La malle à souvenirs et la lumière tachée.
Une grimace de rire, le temps s’est écoulé.
Nobody …

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D’abord lui, le premier!



L’amiral Toussoté
Buvait à la Galade;
D’abord lui, le premier.

L’amiral Toussoté
A bloqué la cabrade
D’un gros requin-dentier.

L’amiral Toussoté
A jeté la tornade
Sur les Calarmités.

L’amiral Toussoté
Buvait à la Galade;
D’abord lui, le premier.

L’amiral Toussoté
Dit à la cantonnade:
La mer sert à pisser.

L’amiral Toussoté,
Ce fier Narin de rade,
Sur de l’eau a glissé.

L’amiral Toussoté
Buvait à la Galade;
D’abord lui, le premier.

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La geste d’Enguéran!



Enguéran d’Imbault, puisqu’il s’agit de lui, était né d’Imbault, un soir d’après-midi. Enguéran, ça veut dire Lame de corbeau et Imbault, je sais pas trop.

Il se tenait dans l’ombre;
L’ Autre avait de belles dents
Et il cherchait la tombe
Au vieux père d’Enguéran.

L’ Autre était en surnombre
Et son père est blessant.
Devant son père qui tombe,
Enguéran mord ses dents.

Il se tenait dans l’ombre
Et c’était un enfant.
Et, quand son père succombe,
Il se hurle en dedans!

Enguéran le mauvais-sang, la lame regarda vers la nuit et ses mots dirent : Il est ici.
Il ne connaissait de l’Autre que son oeil ; c’était bien un Autre, mais ce n’était pas lui.




Chapitre 1 : Au revers des étoiles!


L’oeil était dans la combe et regardait Enguéran.

Enguéran n’avait pas trop compté les chopes. Il venait de perdre aux dés; il chantait :

Aujourd’hui, j’ai plumé
Le cou de la galcine
Et crevé les poulets
Qui lui tirent la tétine
.

Il était arrivé la veille au village des croquants et il cherchait un guide, pour traquer à la Passe des Géants. Tu vois le sent-mauvais, là-bas, qui a dans les seize ans? Son esprit est troublé; mais il connaît bien le col.

— Je veux ses deux griffes.
— Je connais sa caverne.
— Tu t’appelles comment?
— Je m’appelle Aymeric.

Le col était encore loin. Aymeric avait fait le feu, donné l’avoine et rassemblé le bois. Il plongea le lapin dans le bouillon et rajouta une main de gousses de fouzêne pour agglutiner.
Il essuya ses doigts, chantonna une galbée, se posant pour dormer.
Le ciel était grégeois et les montagnes calvicines; on n’entendait presque plus rien …


Il est de quoi cet Autre,
Ce qui vous amène là?
Et que t’a fait cet Autre
Que tu pardonnes pas?

Je suis pas une mollette;
J’ai attrapé mon pieu.
J’ai toujours, dans ma tête,
Le regard de ses yeux.

Je connais pas ton Autre;
C’est un démon de quoi?
Le géant, c’est le nôtre
Et, moi, je ne l’aime pas.

Quand Enguéran sortit du silence, lui demander : Où se cache ton géant?, l’enfant était dormant. Enguéran, un frêle instant, veilla.
Il s’amusa de la galbée d’Aymeric, excusant ses seize ans :

C’est des sons frénétiques,
Un concert de mamelles.
La chanson d’Aymeric
A encharmé les belles.



La colère d’Enguéran, chapitre 2!


Il fait claquer ses griffes
Devant l’oeil de son père.
Avec quelle je te griffe,
Pour te faire funéraire?

A trop parler de l’Autre, il s’en vient dans les bois.
Et l’enfer est tout autre quand tu entends son pas.

Enguéran, le mirant
De son oeil indocile,
Souriait de ses dents,
Ne bougeait pas un cil.

Montre-moi, si c’est toi,
Si tes yeux sont les siens.
Apparais devant moi,
Que je vois l’assassin!

Cette griffe est tienne; elle est ton héritage.
Aymeric, dés demain, je repars en voyage, 
.




Chapitre 3 : En suivant l’Eurasine!


Il a rampé dans l’ombre,
Sur son genou saignant.
Il a creusé la tombe
De son père si aimant.

Avec quelle je te griffe pour te funéraire, devant ton enfant caché ?


La nuit avait été tranquille et nul ne les poursuivait. Enguéran regardait sa lame, pourtant bien aiguisée. Le grand soleil-enclume se paraît de drapées. Il n’y avait pas de brume dans le vent poursuivé. Le cheval d’Aymeric piaffait, sous le corbier.


Assis près de la tombe,
Enguéran se taisait.
Sur le rocher-rotonde,
Aymeric se hissait.

L’Eurasine était boite
Et elle se clochetait
Sur le sentier étroite,
Quand le vent rugissait.

Il a tendu un rhombe,
Au bout d’un cordelet.
Dedans la lumère blonde,
Son corps était grelet.

L’Eurasine était cloite
Et sa voix se taisait.
Dans la lumière étroite,
Son ombre s’étiolait.

Elle grava, dans le sable, un oeil qui s’approchait.


Ils suivirent l’Eurasine,
Le village était là;
Entrèrent à l’officine
De la vieille Kounéma.

Il faut quitter la ville,
Passer le pont de bois,
Remonter la Nambile
Et chercher le méplat.


Un gredin, en gambille, lançait des bouts de nez. Une fille dansait nombril devant quarantenais; pétrifié comme une quille, Aymeric rougissait. Dans un coin, immobile, Enguéran se tenait. Un grand chien tranquille vint pour le compagner. Enguéran pense en vrille, devant la joie chantée; il revoit Nile, sa petite soeur, en dansée.


Il portait une jabyle
Et une ceinture en croix.
Son capuchon de bryl
Le rendait plus matois.

Il faut quitter la ville
Et reprendre la voie.
Je t’ai pris une jabyle;
Enguéran, lève-toi.

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Dans les grands yeux d’Isabell



Je grimpe après l’escabel
Et m’insinue au grenier.
L’odeur de poussière-recel
Et la lune pour éclairer …

La poussière sent Isabell
Et ses pelotes, au plancher.
Elle est là, sa vie est belle,
Car je l’entends chantonner.

Je parle avec Isabell
Et je la fais rigoler.
Elle glougloute des aisselles
Et me fait sa révérée.

J’ai des nouvelles pour elle
Et, parfois, de la pâtée.
Elle surveille mes poubelles
Et elle viendra m’alerter.

Quand je reprends l’escabel,
Elle me regarde m’éloigner.
Dans les grands yeux d’Isabell,
J’aime à venir me plonger!

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