
Des fleurs de mots,
Preste évidence.
Comme un cadeau
De pleine enfance.
Vieillissent les os,
La sénescence.
Toujours, les mots
Restent en enfance.
To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!
Les yeux pleins de lumière,
Il s’en va, esseulé.
Toutes les chansons d’hier
N’ont pas su le garder.
Ils se rencontrent parfois,
Pendant quelques années.
On dirait qu’ils sont trois,
Que c’est une assemblée.
Elle est partie sans joie,
Sans non plus regretter.
Elle trouve, qu’à chaque pas,
Elle est presque arrivée.
Ils repartent tout droit,
Ils ont moins à marcher.
Maintenant qu’ils sont trois,
Ils vont de trois côtés.
Faire la sieste au cimetière,
Parce que c’est là que c’est frais.
Et trinquer, à la bière,
Avec des calamités.
N’avoir plus rien à faire,
Envoyer tout le monde chier.
Eviter la lumière,
C’est bien mieux pour regarder.
Dormir un peu, par terre,
Sur un grand lit enfeuillé.
Et revenir sur Terre,
Pour y affronter l’été.
On se dit que ça craint,
Parce que c’est pour toujours.
C’est juste que, demain,
Tu ne peux trouver secours.
On lui avait enjoint
De lever les mains
Et de sortir.
Il avait dans les mains
Des baguettes et un tambour.
Si t’as besoin de rien,
Autant aller faire un tour.
Et prends ton tambourin,
Tu ne veux pas du retour.
On lui avait enjoint
De prendre le train
Et de partir.
Il avait, dans sa main,
Son billet de non-retour.
C’est un tendre bestiaire
Fait de fleurs et de mouches.
Un lézard, en calvaire,
Du soleil fait sa douche.
Le chien vautré par terre,
L’oiseau en escarmouche.
Un rampant ver de terre,
L’aile du papillon louche.
Un bleu lavé pour l’air
Et du jaune en sous-couche.
De petites flèches de vert
Percent le gris qui se couche.
C’est un havre, sur Terre,
Ce printemps qui débouche.
Toute la vie à refaire,
Du bonheur à ta bouche!
Le vent n’a rien à raconter,
Il se contente de siffler.
Sous un parfum d’amande,
Il sent le varech.
Le vent ne cherche pas à penser.
Sa tâche, c’est de ventiler.
Est-ce de la contrebande,
Cette voix de Québec?
Le vent est champion pour poncer,
Et galère pour avancer.
Si tu gîtes de la bande,
Tu tombes sur un bec.
Il avait de beaux yeux très clairs
Qui frémissaient à la lumière.
Il avait deux grands yeux cernés
Qui pouvaient se mettre à brûler.
Il avait une parole sévère
Pour qui bousculait la misère.
Il avait de grands mots flottés
Dont il usait pour amuser.
Il avait de grandes mains de frère,
Des épaules comme une étagère.
Un ton de voix pour captiver,
Un souffle doux pour rassurer.
Il vivait dans son hémisphère
Et il s’essayait sur la Terre.
Il était en voyage privé
Mais il s’arrétait pour donner.
Il est parti, demain, hier
Et sans bousculer la lumière.
Il est parti pour traverser
Et je crois bien qu’il a trouvé.