
Sous un ciel cerise,
Je suis sur le seuil.
Un temps à la brise
Odore le tilleul.
Les merles rivalisent,
Effacent l’écueil
D’une nuit trop grise,
Triste comme un deuil.
Une lueur exquise
Ravive mon oeil.
Une aube cerise
Se pose sur les feuilles!

To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!

Christina est sirène.
Elle est belle à croquer.
Ses longs cheveux de reine
Ont servi de filet.
Et le beau capitaine
S’en est vite entiché.
Passent jours et semaines,
Il ne peut l’oublier.
Christina la belle a bien plus d’un attrait.
Christina la belle attend sur le pont de Langeay!
Sur le pont de Langeay,
Il l’a apprivoisée.
Sous le pont de Langeay,
Christina s’est donnée.
Las, le beau capitaine,
Un jour, s’en est allé.
Christina est si pleine
D’enfant et de regrets.
Christina, la belle, a bien plus d’un secret.
Christina, la belle, attend sur le pont de Langeay!
Si le beau capitaine
Fut un jour remplacé,
Las, en fin de semaine,
Son enfant s’est noyé.
Passent jours et semaines,
Elle ne peut l’oublier.
Et dans son coeur de reine,
Le printemps s’est figé.
Christina la vieille a bien plus d’un regret.
Christina la vieille attend sur le pont de Langeay.
Christina la vieille attend sur le pont de Langeay!

Au bout de ce chemin,
Un escalier tout droit
Qui me mène au jardin,
Sur le dessus du toit!
Quel est, donc, ce chemin
Qui fait n’importe quoi?
Oasis incertain,
Mais, de très bon aloi!
Quand la Terre m’est chagrin,
Je remonte sur le toit.
Là, je regarde au loin,
Vois la route qui poudroie!
J’entends le bruit du train,
Les oiseaux qui chantoient.
Vois pousser mon jardin.
Enfin, je suis chez moi!

Je crie vainement.
Je prozaque souvent.
Je mens tout le temps!
C’est le néant qui m’habite.
Au resto, je prends les frites.
Au ciné, je m’endors vite!
Je tombe toujours du bateau.
Je porte-à-faux beaucoup trop.
J’n’ai pas de reflet dans l’eau!
J’avale tout, je m’abîme.
Je verre-vide en intime.
Et puis je m’approxime!
Je ne ris que quand je bois.
Duplicata avec toi,
Je ne sais pas qui est moi!
Lexomil à l’instant!
N’en ai pas pour longtemps.
Je suis mort en dedans!
Au tréfonds de moi-même,
J’ai caché mon poème.
Tu le sais, toi qui m’aimes!
Je crie vainement.
Je prozaque souvent.
Je mens tout le temps!

Dernière lueur sur l’étang!
Un nénuphar triste, au regard bancal.
Il transporte la neige sur sa fleur pâle.
Il oscille au gré d’un frais vent banal.
Dernier sourire pâlot,
Il se plie, il se noie.
L’ancre le tire sous l’eau.
Il devient boue en bas!
Sourire à la lune et profond naufrage.
Sa fleur, à la lune, est Luciole en cage!

L’ermite,
Le froid des pierres en guise de sommeil. Trois châtaignes et un bol de lait lui font la semaine!
Le vagabond,
Il rôde à la lune. Quand tout est sombre et noir. Quand l’ombre fait de tout bruit une image diaposite!
Le druide,
Avec pour seuls bavards, le ruisseau et l’oiseau. Et puis le vent du soir!
Disponible, tête vide. L’ouïe et la vue donnent à tout un sens.
La paix dans le regard!

Pierro la Lune!
Ton chien hurle à la lune;
Je m’demande bien pourquoi.
Est-ce une règle commune?
Il devient loup, je crois!
Ton chien hurle à la lune;
Je m’demande bien pourquoi.
Serais tu sur la lune?
Est-ce que ton chien te voit?
Serait-ce de l’amertume
Qu’il aurait dans la voix?
La lune est dans la brume.
Le chien ne la voit pas!
Je rêve à Pierro la Lune.
Mais le voilà qui aboie.
Il n’aboie pas pour des prunes.
Je crois qu’il a vu un chat.
Tais toi ou je t’en mets une.
Toi, l’animal qui aboie
Tu veux aller sur la lune?
Je t’y envoie de ce pas!


Une procession. Tous tenant une chandelle. Des lueurs dans le noir. Un cimetière. Ils sont là pour l’hommage. Ils se mettent en cercle pour les enserrer tous. La musique parle. Les coeurs se lèvent. Ils apparaissent. Ils sont tous là, revenus! Personne ne manque. Communion puis retour! Ils reviendront, processionnaires…