
Il y a une règle sacrée,
Être discret et amène
Et ne jamais rien moufter,
Jusqu’à la fin de semaine.
To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!
Ma tête de rides, mon oeil froid et mon oeil mort, mes dents pour mordre et ma voix de râle, tu veux ça?
— Celle-là, celle-là!
T’es sûr, tu vas pas courir te cacher dans une poubelle?
— Même pas, même pas!
Et ma tête de peur, au vieux chignon pas frais, derrière mes doigts d’horreur qui font clic quand mes dents claquent?
— Connais pas, connais pas!
Laquelle je te fais, en première?
— Celle-là, celle-là!
Je te conte une histoire,
Car le temps est mouillé
Et qu’il est un peu tard,
Pour s’aller promener.
C’est l’histoire du Renard,
Du fromage Pue-des-pieds
Et du vilain Corbard
Qui voulait le bouffer.
Je crois, il se fait tard
Et l’histoire s’est figée.
Voyons dans ma mémoire,
Si je peux la trouver.
Mais, le vilain Corbard
Ne veut rien écouter
Et il ferme ses mâchoires
Sur le blanc Pue-des pieds!
Je crois, c’est pas trop tard
Pour dire la vérité :
Pue-des-pieds, dans l’histoire,
Est toujours condamné.
De Renard à Corbard,
Commence l’échauffourée.
Pue-des-pieds, sans retard,
Fuit, en longues coulées.
Tant je dis cette histoire,
C’est fini de pleuver
Et il n’est pas trop tard,
Pour nous faire à goûter.
Je comprends bien qu’il est tard
Et que tu as froid aux dents.
Mais, à courir dans le noir,
On va pas gagner du temps.
Tu veux passer par la mare,
Emporté par ton élan.
Mais tu n’es pas un canard
Et tu t’étales comme un gland.
Je comprends bien qu’il est tard
Et que tu veux ta maman.
Tiens bien ma main, dans le noir,
On va rentrer doucement!
Quand j’avais huit ans, mon poème,
C’était râper les dents des baleines.
J’étais un enfant, mais quand même!
A deux fois huit ans, mon poème,
C’était rêver le chant des sirènes.
J’étais un enfant, mais quand même!
A trois fois huit ans, mon poème,
C’était rester devant, sur la scène.
J’étais un enfant, mais quand même!