Je voudrais vous dire quelque chose de bien, quelque chose de serein !
Je ne suis pas votre fils, votre fille, serrant dans ses bras,
votre petit-fils, votre petite-fille.
Je ne suis pas cette voisine, toute courbée, qui vient vous visiter,
un jeudi par mois.
Je voudrais vous dire quelque chose de bien, quelque chose de serein !
Ce n’est pas parce que vous êtes cloîtrés dans votre Ehpad,
pour cause de corona, que vous n’existez pas.
Vous êtes nos anciens, vous êtes nos aînés.
Il fut un temps où je m’y rendais pour voir ma mère.
Elle n’a jamais eu à m’attendre trop longtemps, c’est déjà ça.
Cette vieille dame m’a protégé jusqu’à la fin de sa vie.
Vous le savez, mais peu le savent :
Être parent, c’est pour toute la vie !
Maman faisait bonne figure. Elle essayait de ne pas trop penser à moi. Ma mère, c’était quelqu’un de bien .
Vous n’êtes pas des miens. Je ne vous suis rien. Vous ne me connaissez pas. Et pour cause de corona, moi non plus, vous ne me verrez pas.
Vous êtes nos aînés. Vous êtes nos anciens !
Il y a quelques jours, en faisant mes courses, je suis tombé sur une dame, la cinquantaine. Elle se tenait debout devant la fenêtre de la maison de retraite. Elle pleurait des larmes secrètes, doucement, comme hors du temps. Elle avait, peut-être quelqu’un à elle, enfermé là-dedans. Peut-être et peut-être pas !
Vous êtes nos anciens, vous êtes nos aînés !
Il y en a beaucoup de ces petits êtres qui pensent bien fort à vous, dans leurs têtes et dans leurs gestes. Qui cherchent à vous réchauffer le coeur, à vous évader. Ils savent que vous ressentez, eux, même si tant d’autres l’ont oublié. Je vais, peut-être, vous faire pleurer. Ces émotions sont au coeur de tout lien, c’est du vrai.
Vous êtes nos aînés. Vous êtes nos anciens !
Je vais vous écrire de petits textes. Je vais vous écrire des lettres, comme si j’étais l’un des vôtres. Ceux qui n’ont pas le droit de s’approcher, qui en dorment mal, qui rongent leur frein !
Vous êtes nos anciens, vous êtes nos aînés !
Que cela soit un échange ! Répondez-moi, écrivez-moi, ensemble ou séparément. Racontez-moi vos heures d’aujourd’hui et du temps passé.
Vous êtes nos aînés. Vous êtes nos anciens !
Nathanaël