Du temps qui glace!

Le temps,
C’est l’éternité d’un être aux abois.
Le temps,
C’est de l’argent. Mais qui peut donc dire ça?


Le temps,
C’est ce scarabée qui meurt au combat.
Le temps,
C’est ce macchabée qu’on oublie déjà.

Le temps,
C’est aussi ce chat qui dort contre moi.
Le temps,
C’est pour, mes pieds, de riants entrechats!

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Sieste dans l’herbe!

C’est comme si l’herbe était manteau.
On s’allonge pour caler ses os.

C’est comme si le chant des oiseaux
Faisait voir le soleil plus chaud.

C’est comme si le bruit du ruisseau
Nous faisait prendre le bateau

Et le contact de nos deux peaux
Fait de nous un être nouveau.

C’est comme si le ciel, si beau,
Devenait le drap du repos!

C’est comme si les nuages, là-haut,
Nous faisaient fermer les rideaux.

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La chanson du vent nouveau!

Je laisse ma mie,
Dans le vent nouveau.
Je laisse ma mie,
Je l’oublie bien vite!

Je laisse ma mie,
Chasse le perdreau.
Je laisse ma mie,
Je l’oublie bien vite!

J’ai laissé ma mie,
Dans le vent nouveau.
Ma mie est partie.
Le perdreau, en fuite!

J’ai laissé ma mie,
Dans le vent nouveau.
Ma mie est partie,
Elle m’oublie bien vite!

J’ai laissé ma mie,
Dans le vent nouveau.
Ma mie est partie,
Le printemps aussi!

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De mon aîné!

Le train de 19h52 ne va pas tarder.
J’ai le temps de faire la vaisselle.
Après, j’irai à la gare, te chercher.
On s’est parlé au téléphone, la veille.
J’avais regardé ton match, à la télé.
Tu levais tes grands bras vers le ciel.
Géant, au visage blessé par des abeilles!

J’ai peur que les coups n’abîment ta cervelle.
Tu me lis, toujours, ton tout dernier poème.
Tu veux me montrer que tu n’as pas changé.
Tu dis que tu vas raccrocher, écrire des nouvelles.
Tu veux que je te conte des histoires du passé.

Je tourne à gauche et longe la voie ferrée.
Je vois l’arrière de ton train! Il m’a dépassé.

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De mon cadet!

Petit, après le coucher, tu te glissais sous la table, comme une anguille. Je te savais là. Je racontais une histoire que je ne finissais pas.
J’allais dans ta chambre pour le bonsoir. « Tu finis l’histoire? »

Tu es instituteur. Tu as deux enfants qui ne te ressemblent pas.
Tu es aussi conteur. Des histoires pour les grands.
Samedi, tu fais spectacle. Ton grand frère est là. Il viendra, avec moi!

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P’tit déj!

Le petit, dans l’eau, à clapoter.
Sa soeur touille ses croquettes au miel.
Le plus grand ne veut pas se lever.
Le chat court après une abeille.
J’ai le temps de reboire un café!

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Guignol, va!

Dis, pourquoi, ta vie, tu la danses
En pantin désarticulé?

Tu déplies ta carcasse immense,
Pour essayer d’impressionner.

Ta vie, pourquoi tu la balances
Hors de toi, dans le vent mauvais?

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Chez moi!

J’habite la loge du concierge, prés de l’entrée. A part moi, il n’y a personne. La nuit, je monte dans les étages. De longs couloirs, des portes, une ambiance surannée! Quand les veilleuses se mettent à clignoter, tout se met à changer. Il faut être prêt à voir des choses bizarres, sinon il ne faut pas monter.

Au premier, un long couloir, des portes fermées. Cela ressemble à un vieux lycée. Le couloir n’est plus droit. On entend des voix derrière les portes, mais on ne peut pas entrer.

Au deuxième, la porte, tout de suite à gauche reste toujours entrebâillée. C’est une ancienne fabrique, au toit défoncé. Une odeur de graisse, une pendule arrêtée. Savoir-faire et temps passé. Poussière et toiles d’araignées. Des formes diffuses attendent devant la pointeuse, la gamelle à la main.
Tout au fond du couloir, maintenant fortement incurvé, une serre aux lumières sauvages et aux plantes géantifiées. C’est comme un coeur vert qui palpite. Il faut faire attention où on met ses pieds. Au centre de la serre, une mare, des poissons figés. Une pellicule translucide recouvre la surface.
J’entends un « ploc ». Un des poissons s’agite. Une couleuvre essaie de se faufiler.

Je monte au troisième, je franchis la porte-incendie pour me retrouver dans une étrange vallée. Des arbres inconnus, mais d’une grande beauté. Des sous-bois aux bruits étouffés. Quelques oiseaux, aux ailes trop grandes, planent dans le vent sifflé. Au loin, la fumée d’une cabane. De petits mammifères nocturnes, aux yeux troublants, se sont installés dans le grenier. La porte est ouverte, je rentre. La cafetière est dans l’âtre, le livre est sur la table. Une nouvelle histoire m’attend, on dirait. Je me sers un café, je prends le livre et je vais m’assoir devant l’entrée. Un grand silence s’est posé sur le bois. Je lis, comme il me l’a appris, à mi-voix.

Je vais directement au septième. Une chambre très cosy, des lumières tamisées. Un violon sur le lit. Dans un verre à eau, un dentier. Personne!

Je redescends. Demain, j’irai au huitième et, peut-être, un peu plus haut.

Je fais un détour par la cave, comme à chaque fois. Là, je viens contempler le marais. L’ambiance y est un peu triste, c’est vrai. Des souvenirs pesants y sont enfouis.
Des traces de pas! Quelqu’un est venu puis reparti. Un squelette aux os polis dépasse un peu de l’eau. Flottent, éparses, quelques photos jaunies!
Je referme la porte et je rentre chez moi.


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Dommage!

Un oiseau, à ramage.
Un enfant en bas âge.
Du raffut, à l’étage.

Un amour, de passage.
Un sandwich au fromage.
Dans le ciel, des nuages!

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