To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!
Une gargouille, avec des yeux si beaux, à sortir de tombe.
Âme coincée dans un caillou qui, toujours, nous surplombe.
Elle regarde, de ses grands yeux effarés, la marche du monde.
La gargouille hésite à regarder plus loin, dans la nuit profonde,
Car il y a bien trop de possibles chemins, pour la bête immonde!
Coincée, comme un chien qui hurle à la ronde, la gargouille se tait.
Je me rappelle, un jour, à un qui disait :
« Dis-toi que bien l’espoir, c’est pas sain.
Ça ne va pas t’aider à éviter de crever. »,
Je n’ai pas pu répondre, car sous-qualifié.
Des fois, on s’embestiole,
A la va-comme -j’te -pousse.
Alors on boit une fiole
Et la magie repousse.
Et on se vitriole,
Pour s’enlever la mousse.
Alors, on boit une fiole
Et le poil repousse.
Et on reboit une fiole,
Car la musique est douce.
Et au bout de trois fioles,
On se couche sur la mousse!
Je rêve d’une poésie
Qui chante la vaisselle,
Les humeurs du mari
Et l’odeur des aisselles.
,
Je veux être cet outil
Qui, entre tous, excelle
A trouver le joli,
Dans le sac de poubelles.
Je veux être le produit
Qui, comme au lave-vaisselle,
Enlève le moisi
Et redonne l’étincelle.
Je rêve d’une poésie
Qui me serait fidèle.
Qu’on trouverait jolie,
A défaut d’être belle!
« On ne peut accueillir
Toute la misère du monde. »
Mais elle est à vomir,
Ta belle pensée profonde!
Migrant se jette à l’eau,
C’est affaire de détresse.
Il ne veut pas boire d’eau,
Ni se laver les fesses.
Migrant monte en bateau,
C’est affaire de détresse.
Puis Migrant tombe à l’eau
Et se noie en vitesse.
Prions pour que, demain,
On retrouve l’ivresse
Et que ses orphelins
Ne gâchent pas la messe.
Je m’occupe des miens,
Charité pour le reste.
On m’a dit, ce matin,
Que Migrant a la peste!
« On ne peut accueillir
Toute la misère du monde. »
Elle est moche à maudire,
Ta belle pensée profonde!
Je fais, comme tout le monde,
Des bulles, sous mon chapeau.
Mais, à marée profonde,
Je fais froid dans le dos.
Je salue à la ronde,
En levant mon chapeau.
Je cache la bête immonde,
Sous un sourire idiot.
Si ma tête se dégonde,
Courrez vite au bateau,
Car, à marée profonde,
Je vais sortir de l’eau!
Mais, je fais comme vous.
J’apprends à parler bien,
J’apprends à être honnête.
Et, je suis comme vous.
Je refuse, des deux mains,
Les vérités toutes faites!
Si je suis comme vous?
Je n’en suis pas certain,
Pour vous parler honnête.
Mais, je fais comme vous.
Je tends encore ma main
Et ma prose suspecte!
L’humour et le style
T’empêchent de pleurer,
Te font digérer
Ce monde pas facile!
En ces temps cafouilleux,
Il faut choisir l’eau froide.
Risquer le merveilleux,
C’est à finir tout roide.
Couiner à qui mieux mieux,
Ça va polluer l’escouade!
Quand on voit un corbeau
Planer dans la tempête,
On trouve ça super beau,
Même si ça fout les fouettes!