Je sens comme un vent de messe
Venir me caresser les fesses.
Si ce n’est pas de l’ivresse,
C’est que je suis à confesse!
Un arrêté de peur!
De ce qui m’ampute!
Mais t’es où, Zouzou?
Je veux tenir la main de mon vieux!
Un vent de merde est à souffler sur l’Ehpad!
Les vieux, momifiés, s’encrèvent, se dégradent.
Se rétrécissent les visites, les escapades.
Un vent de merde est à souffler sur l’Ehpad!
Alerte, alerte, on enterre nos parents,
Encore vivants, loin et de nous sans.
Alerte, alerte, ça ne va pas du tout.
On est avec eux et ils sont avec nous!
J’y étais hier, 30 minutes avec grand-père.
J’y étais avant, 30 minutes avec maman.
Quels beaux souvenirs, cela va nous faire.
Ça pourrit la vie et ça fait mal aux dents!
Un vent de merde est à souffler sur l’Ehpad!
Sans nous à leur côté, il faudrait qu’ils y meurent.
Sans amour et sans vie. oh mon dieu, que c’est crade!
On veut être avec eux, on veut pas être ailleurs!
Un vol de corbeaux!
Des corbeaux, sur le soir.
Ils passent au ralenti
Et, de leurs ailes noires,
Ils repeignent la nuit.
T’as peur, quand tu t’égares,
Si tu entends leurs cris!
S’ils sont plutôt bavards,
Ils ne sont pas maudits.
Ce corbeau, en retard,
Voudrait rentrer chez lui!
Bien qu’il ne soit pas tard,
Il se fait du souci.
Mon ombre est ma lumière!
L’ombre est ma moitié!
J’ai fait ma silhouette,
Je me suis atrophié,
Pour que, dedans ta tête,
Tu puisses m’apprécier.
J’ai fait ma girouette,
Je me suis asséché.
Et j’ai tourné ma tête
Vers bien d’autres côtés.
J’ai fait ma pirouette,
Je me suis effacé.
Ce soir, la pomme est blette
Et l’ombre est ma moitié!
Je refais mon alouette,
Je me sens concerné.
Aujourd’hui, je m’accepte
Et une voix m’est allouée.
Pour vous parler honnête,
Je dois vous l’avouer :
La chanson que j’apprête,
Je veux vous la donner!