
Mes bras, trop allongés par la brouette.
Le front qui s’essore et le dos qui pète.
Mon tout épuisé, voulant faire retraite!
Pourquoi ravager un corps si honnête?
Laissons-le flotter et bonne trempette!
To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!
Je suis tel le propane
Qu’on aurait filouté.
Dans la cage du butane,
Je me trouve enfermé.
Mon âme se rit de ça
Et s’en va, pour jouer.
Quand je fuis, aux abois,
Elle préfère s’arrêter.
Je suis tel le méthane,
Je voudrais bien péter.
Dans la cage du butane,
Je me sens comprimé.
Mon âme rit aux éclats
Et joue à me narguer.
Enfin, entre mes bras,
Elle revient se nicher!
Une gargouille, avec des yeux si beaux, à sortir de tombe.
Âme coincée dans un caillou qui, toujours, nous surplombe.
Elle regarde, de ses grands yeux effarés, la marche du monde.
La gargouille hésite à regarder plus loin, dans la nuit profonde,
Car il y a bien trop de possibles chemins, pour la bête immonde!
Coincée, comme un chien qui hurle à la ronde, la gargouille se tait.
J’ai suivi le chemin,
Aussitôt vent m’emporte.
Je n’ai plus de besoins
Et ma passion est morte.
Si le monde est chagrin,
Mon âme est encore forte.
Je tends encore la main
Et, des fois, je m’exporte.
J’ai suivi le chemin
Qui me mène à ma porte.
Je connais mes besoins
Et tout ce qui m’importe.
Le verre à demi plein
Se remplit à l’eau forte.
Et je fais un refrain
De ce que vent m’apporte!
J’ai suivi le chemin
Qui me mène à ma porte.
Je n’ai plus de besoins
Ou bien je fais en sorte.
Il n’y a rien de certain.
Le présent, seul, importe.
Il n’est pas de demain.
Le jour est à ma porte!
J’ai suivi le chemin
Qui me mène à ma porte.
Je n’ai besoin de rien,
Ni de peur, d’aucune sorte.
Si tu as eu une vie forte,
Que tu t’es bien amusé :
Alors, traverse la porte
Et viens-là, t’encanailler.
Si tu as eu une vie morte,
Si tu t’es bien emmerdé :
Alors, traverse la porte
Et viens-là, t’embastiller.
Toi, si ta vie de cloporte
Ne sait plus t’intéresser :
Alors, entaille-toi l’aorte
Et tu pourras t’envoler.
Sur le seuil de cette porte,
On ne peut pas s’attarder.
Il te faudra faire en sorte
De ne plus rien regretter!
A ne vivre qu’au quotidien,
Je commence à m’effacer.
Il me faut prendre le train,
Je dois toujours me lever.
Il me faut faire des efforts,
Je dois toujours m’activer.
Il me semble que j’ai tort
De laisser le temps passer.
Si je vis des moments bien,
Ils ne tiennent pas la durée.
Je dois reprendre mon train,
Et creuser pour m’enterrer.
Il faudrait que je m’exporte
Dans un monde décérébré.
A force de chercher la porte,
Mon temps s’est vite écoulé.
A ne vivre qu’au quotidien,
Je commence à m’ennuyer.
Je m’en vais rater mon train,
Commencer par m’arrêter!