T’accueillir!

Tu montes vite l’escalier. Tu viens droit sur moi.

Tes yeux sont des phares en plein jour. Ton sourire, un acquiescement.

T’as du bois pour moi. Je vais pouvoir porter le feu!

Mes bras s’ouvrent en grand.

On se regarde, on se parle.

Puis, de nouveau on vit ensemble!

Je m’appuie sur ton genou pour me lever.

Tu te rentres.

Demain, c’est moi qui viendrai chez toi.

On ira probablement se balader.

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Aujourd’hui, c’est fête!

Dans mon jardin de ville,

J’ai bousculé un trio de petits papillons bleus, à plusieurs reprises en passant et repassant, à la recherche d’outils. Toujours tous les trois. Toujours au même endroit. Ah, ça me change des piérides! Je me dis que c’est fête, aujourd’hui.

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Contine?

En allant faire les courses à pied,

Tout de suite, on m’appelle
C’est voisin; ça voisine!

Les abeilles dans le lilas
C’est butin; ça butine!

A l’angle, le concessionnaire auto
C’est rupin; ça rupine!

Une vieille avec son chien
C’est câlin; ça câline!

Au traiteur
c’est gratin; ça gratine!

J’ai pas pris mon porte-monnaie
C’est crétin; ça crétine!

La boulange maintenant
C’est pétrin; ça pétrine!

A la poissonnerie
C’est marin; ça marine!

Une brocante dans la rue
C’est gamin; ça gamine!

Une calèche passe
C’est crottin; ça crottine!

Un chien pisse sur une fleur
C’est purin; ça purine!

Une passante m’alpague
C’est grappin; ça grappine!

Je rentre; ça m’a vidé la tête. Je suis tranquille
C’est serein; ça serine!

La table n’est pas mise. A quoi ça rime?

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En mode chevaleresque!

Les derniers temps, toujours à mes côtés, tu aurais pu passer pour mon écuyer. Un écuyer m’accompagnant dans mes nombreux voyages.

Mais, ce n’était pas du tout ça. Tu étais mon prince!

Je te devais, en premier lieu, assistance et protection.
Je l’ai fait.
Je devais combattre tes ennemis, du moindre jusqu’à La Bête.
Je l’ai fait.
Je devais, toujours, me préoccuper de ton bien-être.
Je l’ai fait.

Je ne t’ai pas juré allégeance, il n’y a pas eu de cérémonie.
Mais, moi, j’étais à ton service. Tu étais mon prince, merci!

Bien sûr, ça ne ne se passait pas vraiment comme ça.
Mais, ça y ressemble un peu.

Repose-toi, maintenant. Dors, mon doux prince!

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Gentil coquelicot!

Relégué au talus, le coquelicot nous désarme.

Le coquelicot fuit nos champs .
Le coquelicot envahit nos villes.

Agriculture industrielle et mortifère,
Tu pollues tout sans état d’âme.
Agriculture industrielle et mensongère,
Tu ne nourris plus, tu crées le drame.

Le coquelicot fuit nos champs .
Le coquelicot envahit nos villes.

La mort dans les champs fait des ravages.
Le coquelicot de ville dénonce sans ambages!
Le coquelicot ne veut pas revenir en arrière.
Il en appelle à une paysannerie vivrière.

Le coquelicot fuit nos champs .
Le coquelicot envahit nos villes.

Génocide dans les champs!
Être endocrine, ta mort est abjecte.
Coquelicot-paysan,
De retour celui qui te respecte!

Le coquelicot fuit nos champs .
Le coquelicot envahit nos villes.

Agriculture facile, tueuse de tout, tueuse de nous!
Agriculture imbécile qui ne compte que les sous.

Dans nos villes, le coquelicot alarme!

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Un choc perpétuel!

Ou comment dire l’horreur!

Voilà le monde parfumé, plein de
rires, plein d’oiseaux bleus, soudain
griffé d’un coup de feu
Un monde neuf où
sur un corps qui va tomber grandit une tache
de sang

B. Vian

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S’adapter ou périr

Les draps de ma chambre refusaient de me lâcher…

La voix tonne. Sourire d’ange, éclairs! Commencement, ça rampe et respire.

Une nocturnelle désemparée passe au-dessus de moi en bruissant.

Des chamelots boivent, bientôt prêts pour la grande traversée. Le petit marche entre les pattes de sa mère, à l’abri du soleil de plomb qui atterre.

Les fourmizes protègent leur gigantesque tour-forteresse de paillettes de mica.

L’homme-gobelin, sous terre, attend la nuit patiemment. De touffes d’herbe à gousses, il se fait un viatique.

Un mouvement à l’est. Apparaissent les premiers grouillants. Cannibales et grégaires, survivants ! Leur monde est tout sauf vert. L’eau des corps appelle les dents! Tout leur fait ventre. Ils sont craints comme le fut leur ancêtre en son temps.

Oh, le cauchemar! Je m’extirpe de mes draps et vais regarder, à ma fenêtre, le Vert-Monde.

Homme, revois ta copie pour ne pas être aux abonnés absents!

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Les oiseaux de mon jardin!

C’est le coq qui me réveille. Ils ne l’ont pas encore condamné!

Une hirondelle ne fait pas le printemps!

Oiseau migrateur, tu ne trouves plus guère de toits, ici, pour fonder famille. En Ukraine, tu t’irradies. En Afrique, famine chronique, tu es mangé! Mon jardin de ville, tu l’as colonisé.

Des années pleines, des années vides. Mais quand vous êtes là! Vous tourbillonnez à raz de nos têtes, familières. Les aînées entraînent les jeunes. Les becquées de boue pour vos nids, vous allez les voler sur le parvis. Pour un nouveau nid ou grossièrement en réparer. Je vous vois souvent boire à l’étang. Galet rebondissant avec un léger claquement! Cris-fanfare quand vous êtes regroupées.

Les grands vols!

Etourneaux demeurant aux platanes de la ville. Leurs envols, au petit matin, vers les champs! Retour par petits groupes au crépuscule. Pour enfin constituer ce grand corps gardonnique qui volte et virevolte et revirevolte dans l’eau du ciel. Féerique!

Et les autres!

Un couple de moineaux squatte un nid d’hirondelles ébranlé. Au coude de la gouttière, derrière mon épaule droite, ils surveillent, gendarmes. Un frelon envahissant les inquiète.

Le rouge gorge en colère fond sur l’intrus.

Des pies, conquérantes et sûres d’elles, s’imposent. Bond par bond dans l’herbe! Elles s’alertent de ce qu’elles ont trouvé.

Un merle-roi, suivi de sa cour opportuniste, d’une mésange charbonnière et de trois moineaux, se baigne dans la flaque. Sur la girouette, tout à l’heure, Il chauffera sa voix. C’est lui le soliste de ce concert. Comme il est doué, pas un jeune!

Les tourterelles repoussent pour la énième fois le vieux couple de pigeons qui lorgne leur tilleul.

Et les mésanges bleues et noires qui viennent réclamer leurs miettes. Allers-retours de leur perchoir à la graine si vite décortiquée!

Deux chardonnerets-papillon passent. Ils nous visitent plusieurs fois dans l’année.

Partout, ça se tanne pour la femelle, pour le territoire.

Dans chaque famille, toujours un adolescent trop tôt téméraire! Il est au sol; le chat guette. Comment faire? Ils tentent tout ce qu’ils peuvent jusqu’au bout, pour le nourrir, le protéger. Certains ont pris de sacrés risques!

Le mâle rouge-queue, en vol-surplace à ma fenêtre, par deux fois est venu me chercher. J’écarte le chat de leur nid juste à temps! Histoire vraie!

Les deux pigeons s’embrassent face au soleil couchant, sur une île. Eternels amoureux!

On leur fout la paix; ils se familiarisent. On partage notre Chez-nous. Ici, c’est terre d’asile, pour eux comme pour nous!

Je vais te le lire à l’apéro, mon texte sur nos oiseaux. Tu me diras ce que j’ai oublié.

N.

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