Toi là-bas, viens ici!


Toi là-bas, viens ici!
Tu sens bien qu’on m’a dit;
N’essaie pas la souris.

Si tu veux, on s’écrit,
Ce soir avant le lit
Et on lit ça jeudi.

Si tu peux, t’as envie,
On s’assoit près d’ici.
Tu seras pas puni.

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La geste d’Enguéran!



Enguéran d’Imbault, puisqu’il s’agit de lui, était né d’Imbault, un soir d’après-midi. Enguéran, ça veut dire Lame de corbeau et Imbault, je sais pas trop.

Il se tenait dans l’ombre;
L’ Autre avait de belles dents
Et il cherchait la tombe
Au vieux père d’Enguéran.

L’ Autre était en surnombre
Et son père est blessant.
Devant son père qui tombe,
Enguéran mord ses dents.

Il se tenait dans l’ombre
Et c’était un enfant.
Et, quand son père succombe,
Il se hurle en dedans!

Enguéran le mauvais-sang, la lame regarda vers la nuit et ses mots dirent : Il est ici.
Il ne connaissait de l’Autre que son oeil ; c’était bien un Autre, mais ce n’était pas lui.




Chapitre 1 : Au revers des étoiles!


L’oeil était dans la combe et regardait Enguéran.

Enguéran n’avait pas trop compté les chopes. Il venait de perdre aux dés; il chantait :

Aujourd’hui, j’ai plumé
Le cou de la galcine
Et crevé les poulets
Qui lui tirent la tétine
.

Il était arrivé la veille au village des croquants et il cherchait un guide, pour traquer à la Passe des Géants. Tu vois le sent-mauvais, là-bas, qui a dans les seize ans? Son esprit est troublé; mais il connaît bien le col.

— Je veux ses deux griffes.
— Je connais sa caverne.
— Tu t’appelles comment?
— Je m’appelle Aymeric.

Le col était encore loin. Aymeric avait fait le feu, donné l’avoine et rassemblé le bois. Il plongea le lapin dans le bouillon et rajouta une main de gousses de fouzêne pour agglutiner.
Il essuya ses doigts, chantonna une galbée, se posant pour dormer.
Le ciel était grégeois et les montagnes calvicines; on n’entendait presque plus rien …


Il est de quoi cet Autre,
Ce qui vous amène là?
Et que t’a fait cet Autre
Que tu pardonnes pas?

Je suis pas une mollette;
J’ai attrapé mon pieu.
J’ai toujours, dans ma tête,
Le regard de ses yeux.

Je connais pas ton Autre;
C’est un démon de quoi?
Le géant, c’est le nôtre
Et, moi, je ne l’aime pas.

Quand Enguéran sortit du silence, lui demander : Où se cache ton géant?, l’enfant était dormant. Enguéran, un frêle instant, veilla.
Il s’amusa de la galbée d’Aymeric, excusant ses seize ans :

C’est des sons frénétiques,
Un concert de mamelles.
La chanson d’Aymeric
A encharmé les belles.



La colère d’Enguéran, chapitre 2!


Il fait claquer ses griffes
Devant l’oeil de son père.
Avec quelle je te griffe,
Pour te faire funéraire?

A trop parler de l’Autre, il s’en vient dans les bois.
Et l’enfer est tout autre quand tu entends son pas.

Enguéran, le mirant
De son oeil indocile,
Souriait de ses dents,
Ne bougeait pas un cil.

Montre-moi, si c’est toi,
Si tes yeux sont les siens.
Apparais devant moi,
Que je vois l’assassin!

Cette griffe est tienne; elle est ton héritage.
Aymeric, dés demain, je repars en voyage, 
.




Chapitre 3 : En suivant l’Eurasine!


Il a rampé dans l’ombre,
Sur son genou saignant.
Il a creusé la tombe
De son père si aimant.

Avec quelle je te griffe pour te funéraire, devant ton enfant caché ?


La nuit avait été tranquille et nul ne les poursuivait. Enguéran regardait sa lame, pourtant bien aiguisée. Le grand soleil-enclume se paraît de drapées. Il n’y avait pas de brume dans le vent poursuivé. Le cheval d’Aymeric piaffait, sous le corbier.


Assis près de la tombe,
Enguéran se taisait.
Sur le rocher-rotonde,
Aymeric se hissait.

L’Eurasine était boite
Et elle se clochetait
Sur le sentier étroite,
Quand le vent rugissait.

Il a tendu un rhombe,
Au bout d’un cordelet.
Dedans la lumère blonde,
Son corps était grelet.

L’Eurasine était cloite
Et sa voix se taisait.
Dans la lumière étroite,
Son ombre s’étiolait.

Elle grava, dans le sable, un oeil qui s’approchait.


Ils suivirent l’Eurasine,
Le village était là;
Entrèrent à l’officine
De la vieille Kounéma.

Il faut quitter la ville,
Passer le pont de bois,
Remonter la Nambile
Et chercher le méplat.


Un gredin, en gambille, lançait des bouts de nez. Une fille dansait nombril devant quarantenais; pétrifié comme une quille, Aymeric rougissait. Dans un coin, immobile, Enguéran se tenait. Un grand chien tranquille vint pour le compagner. Enguéran pense en vrille, devant la joie chantée; il revoit Nile, sa petite soeur, en dansée.


Il portait une jabyle
Et une ceinture en croix.
Son capuchon de bryl
Le rendait plus matois.

Il faut quitter la ville
Et reprendre la voie.
Je t’ai pris une jabyle;
Enguéran, lève-toi.

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Surtout, ne reviens pas!



Ô muse, ma mie, revienne !
Je veux tant t’espérer
Que mes larmes se contiennent.

Ô muse, ma vie, revienne !
Je veux tant te rêver
Encore qui serait mienne.

Ô muse, ma mie, revienne !
Je veux tant t’appeler
Que j’en perds mon haleine.







Blablabla, elle est partie. Elle voulait pas rester; elle ne peut plus blairer Ta divine poésie.
Vu que je peux écriver Tes mots sans les penser, je lui donne cet avis : Surtout, ne reviens pas !

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Tu as signé le pacte!



Tu nous souris de ton rire de gencives; mais, tu attends l’entracte.
T’as l’air d’une poule qui est sur défensive; tu n’es pas décontracte.

En toi, beau temps que tu n’es plus naïve; ta lumière se rétracte.
Pour toi, printemps, c’est de la récidive, car le temps se contracte.

Tu nous souris pour être un peu festive; on te juge à tes actes.
T’as l’air d’une moule qui serait trop pensive; tu as signé le pacte!

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Tu vois le beau du temps!



Tu vois le beau du temps dans l’oiseau qui revienne
Et le vibrant printemps dans le chant qui s’égraine.
Tu vois le calice blanc et l’époque lointaine
Où il était courant d’attraper des sirènes.

Le beau n’est pas durant, tant se vide la semaine
Et il paraît qu’avant les étables étaient pleines.
Le beau, il est instant. En toi, le capitaine!
Le beau, ça fait longtemps qu’il te parfume l’haleine.

Tu vois le beau du temps dans le vent qui entraîne
Et il paraît qu’avant un orage se déchaîne.
Tu vois le beau des gens et tu connais la peine.
Où est passé le sens de ces mots qui conviennent?

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J’aime bien le bleu sur noir!


J’aime bien le bleu sur noir un peu luminescent
Et son chant de l’exhorte à tout l’entendement.
J’ai façonné ma porte de ce bleu si troublant.

J’aime bien le bleu sur noir; il est extravagant.
Il a dépeint ma porte de ses envoûtements
Et je ferai en sorte de l’aimer plus longtemps.

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Ce soir, si on faisait griller les abeilles?


Ce matin, on a regardé se lever ce beau grand jour de soleil.
Sans se concerter, on s’est activé; on a un peu désherbé;
On a redressé le tilleul à ombrer et on a planté la plage au soleil.
Sous le tilleul à ombrer, on a mis la table d’été et le transat du sommeil.
Planté le parasol pour rester dans l’eau à flotter, sous le pire des soleils.
Le blanc est déjà au frais et l’ami va passer.
L’idée est lancée: « Ce soir, si on faisait griller les abeilles? »

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