
Alors, je nous ai acheté de la poussière bleuâtre, de ce joint calfeutré et une orange plate. Et, en plus, il y avait une promotion sur les écureuils. Mais, j’ai pas acheté, car ça fait des saletés.
To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!
La terre était de pierre,
Tu ne vois que du vent.
Tu mords dedans la chair,
C’est encore du serpent.
L’horizon fait des vagues,
Agite un mouton blanc.
La chaleur te divague,
Tu n’es plus très constant.
Tu as baissé ta garde,
Pour le temps d’un instant.
L’oiseau, qui te regarde,
Part avec ton serpent.
Tu t’allonges sur la terre
Et t’endors, en tremblant.
Des souffles de poussière
Viennent se mêler au vent.
Tu rêves à de la bière,
Pendant un court instant.
Une flèche incendiaire
Vient percer ton auvent.
Le froid dur de la pierre,
Sous tes pieds déchaussés.
Tu es nu comme un ver,
Tes affaires à sècher.
La pluie qui s’exaspère
Et se met à fouetter.
Tout là-bas, c’est ton frère
Qui calfeutre l’entrée.
La veste de ton père
Te couvre tout entier.
Ta peur qui s’oblitère,
Et tu veux bien manger.
Tu mâchonnes ton gruyère,
Et tu veux bien parler.
Tu vas aider ton frère
Qui traîne le canapé.
C’est la cabane du père,
Il saura vous trouver.
Tu vois que ton grand frère,
Commence à somnoler.
Tu es pris, comme un gluchon
Dans la toilée d’une glaviotte.
Vite, lève tes yeux au plafond
Et dis que tu vas aux chiottes.
Prends par la porte du fond
Et c’est tant pis s’il pleuviote.
Elle a lâché le plafond
Pour regarder vers les chiottes.
Et puis elle entend, au fond,
Ton galop sous la pleuviote.
Elle est après toi, gluchon,
Tu vois ses yeux qui clignotent.
Elle est après toi, gluchon.
Il faut courir pour de bon!
Al était dans le ciel
Et dormait dans du linge blanc.
Se tartinant de miel,
Sans jamais être gluant.
Ed était dans le rouge
Et sur des charbons ardents.
A poil au fond d’un bouge,
Rien à mettre de décent.
Al pissait des nuages,
Ce qui est extravagant.
Il tenta davantage,
A travers un carré blanc.
Ed était sous l’orage,
Avant les emmerdements.
Sauna sur le braisage,
Fumet des charbons ardents.
Le grand Olaf Tiegelsen
Est arrivé, trente ans déjà.
Sur une épave bohémienne
Et armé jusqu’à son trépas.
Sous une pluie diluvienne,
Il a su compter jusqu’à trois.
Et voyant mieux les sirènes,
Il leur a foncé dans le tas.
Ce fut une guerre homérienne,
Car nul ne quitta le combat.
D’Olaf ou des trois sirènes,
C’est bien Olaf qui triompha.
J’en ai vu un, hier soir,
Dans la rue, un psychique.
Tout blanc, habillé de noir,
Sous une lumière tragique.
Il avait, dans le regard,
Une lueur pathétique.
Il revenait de nulle part
Et cherchait sa fabrique.
Je l’ai encore vu, ce soir,
Dans la rue, le psychique.
On dirait que son pouvoir
A des côtés merdiques!