J’aime bien aller dans les bois d’ à-côté. Voir, de leurs sous-bois, la diversité. Je guette toujours les notes colorées. J’observe aussi ce qui est animé!
Moi, je dirais du vert et parfois du gris. Du gris quand on se trouve pris dans ses affaires. De ce vert qui vous réchauffe et vous réjouit. Ce vert-chaleur qui vous fait aimer la terre!
Dans le vert, se mêlent le bleu et le jaune. Ajoutons quelques pétales de rouge! Avec ce qui est ou n’est pas aphone, La Vie, avec ce qui bouge et ne bouge.
Parler des abeilles, c’est plus compliqué que de parler des fourmis. On verra plus tard, si tu veux bien patienter. Je vais te raconter une histoire qui m’est arrivée, quand j’étais gamin. Il s’en passe des choses à la campagne!
Quand une ruche a un trop plein d’abeilles, elle se sépare en deux. Des centaines, des centaines d’abeilles s’envolent de tout côté. Elles s’accrochent à quelque chose, s’agrippent entre elles. Elles attendent sagement que les abeilles éclaireuses s’accordent sur l’endroit où elles vont s’installer, sur un abri de toute sûreté!
Un dimanche matin, je m’en souviens bien, un essaim s’est accroché à moi. J’ai ôté mon pull doucement. Je n’ai pas été piqué. J’ai jeté le grand pull bleu, que ma mère m’avait tricoté, dans les branches d’un noisetier. Mon pull est devenu vert de toutes ces abeilles agglutinées. Je me suis trouvé chanceux de ce qui m’était arrivé. Le lendemain, je l’ai récupéré. Les abeilles étaient parties dans leur nouvel abri.
Tu peux en parler à l’école. C’est une histoire vraie!
Il y a les fourmis-soldats Qui vous couperaient un bras. Il y a les fourmis-ailées, Chargées de virilité. Et les jeunes fourmis-princesses Peuvent, elles aussi, s’envoler!
Les fourmis rangent des richesses Dans leurs caves cadenassées.
Il y a des fourmis-agents Qui travaillent tout le temps. Leur reine, en enfantement, Est enceinte à tout bout d’ champ! Il y a des fourmis-mamans Qui s’occupent des enfants.
Il y a les fourmis-factrices Qui annoncent des délices. Et des fourmis-paysannes Qui découpent, en bouts, les fanes. Puis les fourmis-éleveuses Qui soignent les bêtes nerveuses.
Chez les fourmis, il fait noir, Tout au fond de leurs couloirs. Y a t’il des fourmis-néons Qui s’accrochent au plafond? On est là pour travailler, En bonnes fourmis zélées!
On dit qu’au fond de leurs puits, Il y a a une boite de nuit, Où elles vont s’amuser, Quand elles ont bien travaillé! Est-ce que c’est la vérité? Ont-elles des congés payés?
Les limbes étaient mon domaine, autrefois. On m’a envoyé sur terre. Je ne sais pas pourquoi. On vous largue en pleine brousse, sans vous dire quoi faire. Si c’est un jeu, il est miteux. Il n’est vraiment pas clair.
Les limbes sont faites, à la fois, de tout et de rien. Ce n’est pas facile de les dire à quelqu’un qui n’en sait rien. Des mondes qui changent et renaissent, chaque matin. Un chaos salutaire, où tout est un choix. Tu te fais une forteresse, en claquant des doigts. Il y a toujours eu un monde pour chacun. Cela ne va pas changer avant la St-Glinglin. Chacun son monde privé, même s’il est incertain!
Dans les limbes, il y a Saturnin, Dévoreur de mondes et enfant de putain! Des mondes qu’il annexe, le maître est envoyé au loin. Au confins des limbes. Il n’y a pas plus lointain!
S’il approche des grands espaces que j’arpente, Je ne ferai pas que lui mettre un coup pied au ventre. Je me dis que j’ai faim et que je vais le dévorer, Lui, Saturnin, qui tant des miens a bouffé!
Les limbes ne seront pas ton cimetière. Pas de Repose en paix pour toi, là-bas. Saturnin, je te renvoie en enfer!
La première fois, elle m’a fait des fucks et s’est mise à danser, quand j’avais le dos tourné. J’ai du fermer mes dents pour que mon coeur reste en dedans! Encore maintenant, il y a des moments où mon ombre fait ce qui lui plaît.
Mon ombre est bien plus forte, à la lumière. Elle trépigne pour qu’on aille se promener. Elle s’étire devant. Elle s’étire derrière. Elle essaie, tout le temps, de se barrer.
Elle aurait foutu le camp, depuis longtemps, si rien ne la retenait!
Depuis le temps, on a appris à communiquer, elle et moi.
Je sais que je vais tomber, quand mon ombre est agitée. Ce n’est pas bon pour moi, quand mon ombre est aux abois.
On ne se sépare jamais. On s’est habitués, l’un à l’autre, tout compte fait.