
Les yeux de mon môme me regardant, plein d’espoir,
M’ont fait serment signer, sans regret, sans retard.
To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!
Les enfants qui ont froid!
Et ça vaut pour les chiens,
Les chats, les rats et toi.
Les enfants qui ont froid
Ont des airs orphelins,
Dans leurs yeux qui se noient.
Les enfants qui ont froid
Ne demandent plus rien.
C’est là que ça merdoie.
Les enfants qui ont froid
Vivent dans un quotidien
Que tu n’imagines pas.
Toi, l’enfant qui a froid,
Une goutte de ton chagrin
A rebondi sur moi!
Toi, tu remâches l’heure
Car tu as fait la croûte.
Des instants de bonheur,
Y’en a pas sur la route.
Il doit vite rentrer.
Si tu n’es pas docteur,
Pour toi, y’a aucun doute.
Cet enfant de malheur,
Il te les fera toutes.
Il doit se démerder.
Toi, tu moques ses douleurs.
Tu le laisses dans le doute
Et tu parles en vainqueur,
A chaque fois qu’il redoute.
Il ne sait pas t’aimer!
La valse qui nous liesse
Nous apprend à voler.
Elle est enchanteresse,
Elle fait aussi planer.
Toi, tu sèmes la discorde
Car tu veux commander.
Tu nages en plein désordre,
Tu vas nous faire échouer.
Cette place qui te reste
N’est pas encore assez.
Et, en pleine kermesse,
Tu viens tout décider.
Tu vois ça comme un ordre
Qu’on se doit d’écouter.
Je préfère me les mordre,
Plutôt que d’accepter.
Tu apparaissais souvent.
Tu avais tes seize ans
Et tu vivais dans le gris.
Tu parlais tout doucement.
Tu disais ton tourment
Et tu te montrais gentil.
Dans le grand appartement,
Tu ne restes pas longtemps.
Tes deux parents sont partis.
Tu étais frêle et changeant,
Tu vivais hors du temps.
C’était bien plus de minuit.
C’était il y a longtemps,
On fait venir des gens.
Alors toi, tu t’es enfui!