Affamée, en surnombre,
La bête attend son heure.
Et, c’est dans ces bois sombres
Que vit ce prédateur.
Elle a trop peur de l’homme,
Pour se nourrir de lui.
De la bête de somme,
Le sang lui fait envie.
C’est une grande chauve-souris!
Corvée de bois, jusqu’au bord de la nuit. Les hommes sont fatigués.
On range le matériel et on charge, tant qu’on peut, la charrette.
Le cheval veut rentrer et se met à piaffer. Les jeunes veulent rentrer.
Ce soir, c’est fête au village. Il y a le magicien, arrivé ce matin.
Sur la place, l’accordéon fera danser filles et garçons.
Alors, on se dépêche, on ne fait plus attention.
Un grand oiseau bizarre plonge sur le canasson.
Le temps de prendre les triques, il le suce comme un tique.
Il s’enfuit dans la nuit, par les hommes poursuivis.
Morsure empoisonnée, le fier animal faiblit.
On détache la charrette et on rentre au village, à pas ralenti!
Affamée, en surnombre,
La bête attend son heure.
Et, c’est dans ces bois sombres
Qu’est notre prédateur.
La bête s’en prend à l’homme
Et lui glace le coeur.
Elle ne chasse que l’homme,
C’est notre prédateur.
Son vrai nom, c’est la Peur!
Les hommes, fourbus, s’évertuent à pousser la charrette.
Le cheval n’en peut plus, tant et tant on l’a chargée.
Les arbres se mettent à bruisser. Les coeurs se mettent à taper.
Les hommes pensent que la bête se tient, là, tout à côté.
Il ne faut pas se retourner. Regarder en arrière lui permet d’approcher. Les hommes se surveillent. Un vient à craquer, tous sont en danger.
Il y a deux étés, on a retrouvé, dans ces bois, le chariot du gros Jean.
La cargaison était intacte, mais ses passagers s’étaient envolés.
La bête a encore frappé, hier. Elle a pris la Marie qui courait, affolée.
Ne pas regarder en arrière! Les lueurs du village sauront les rassurer.
Alors, tout sera terminé!