Chez moi!

J’habite la loge du concierge, prés de l’entrée. A part moi, il n’y a personne. La nuit, je monte dans les étages. De longs couloirs, des portes, une ambiance surannée! Quand les veilleuses se mettent à clignoter, tout se met à changer. Il faut être prêt à voir des choses bizarres, sinon il ne faut pas monter.

Au premier, un long couloir, des portes fermées. Cela ressemble à un vieux lycée. Le couloir n’est plus droit. On entend des voix derrière les portes, mais on ne peut pas entrer.

Au deuxième, la porte, tout de suite à gauche reste toujours entrebâillée. C’est une ancienne fabrique, au toit défoncé. Une odeur de graisse, une pendule arrêtée. Savoir-faire et temps passé. Poussière et toiles d’araignées. Des formes diffuses attendent devant la pointeuse, la gamelle à la main.
Tout au fond du couloir, maintenant fortement incurvé, une serre aux lumières sauvages et aux plantes géantifiées. C’est comme un coeur vert qui palpite. Il faut faire attention où on met ses pieds. Au centre de la serre, une mare, des poissons figés. Une pellicule translucide recouvre la surface.
J’entends un « ploc ». Un des poissons s’agite. Une couleuvre essaie de se faufiler.

Je monte au troisième, je franchis la porte-incendie pour me retrouver dans une étrange vallée. Des arbres inconnus, mais d’une grande beauté. Des sous-bois aux bruits étouffés. Quelques oiseaux, aux ailes trop grandes, planent dans le vent sifflé. Au loin, la fumée d’une cabane. De petits mammifères nocturnes, aux yeux troublants, se sont installés dans le grenier. La porte est ouverte, je rentre. La cafetière est dans l’âtre, le livre est sur la table. Une nouvelle histoire m’attend, on dirait. Je me sers un café, je prends le livre et je vais m’assoir devant l’entrée. Un grand silence s’est posé sur le bois. Je lis, comme il me l’a appris, à mi-voix.

Je vais directement au septième. Une chambre très cosy, des lumières tamisées. Un violon sur le lit. Dans un verre à eau, un dentier. Personne!

Je redescends. Demain, j’irai au huitième et, peut-être, un peu plus haut.

Je fais un détour par la cave, comme à chaque fois. Là, je viens contempler le marais. L’ambiance y est un peu triste, c’est vrai. Des souvenirs pesants y sont enfouis.
Des traces de pas! Quelqu’un est venu puis reparti. Un squelette aux os polis dépasse un peu de l’eau. Flottent, éparses, quelques photos jaunies!
Je referme la porte et je rentre chez moi.


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De l’effet d’un gun!

Histoire vraie!

Je ne dirais ni qui, ni où. Je dirais quand, il y a une trentaine d’années.

Une mère que je ne connaissais pas, d’un gamin que je connaissais, m’appelle un soir, tard. Son garçon a vécu quelque chose de terrible. Elle m’appelle pour l’aider. C’était un de ces petits jeunes, seize ou dix-sept ans, qui passaient régulièrement chez moi.

Le garçon est dans sa chambre. La mère m’explique. Il vient de se faire mettre à genoux, revolver pointé sur le front, par un de ses camarades. Il n’arrive pas à dormir, pas à parler.
Je lui propose de faire un dessin. Il attrape la feuille, les feutres et dessine posément, dans son coin. C’est le bout d’un gun, de face, au feutre noir, avec du rouge pour l’intérieur du canon, qu’il me donnera, au bout de sa main!
Je le prend avec moi, lui fait faire deux ou trois exercices, pour bloquer ce poison qui, en lui, continue à entrer. Maintenant, il parle. Il dit qu’il peut dormir. Je le ramène chez lui.
Il dit qu’il viendra me voir demain. La mère va le surveiller et faire ce qu’elle pensera à faire. Là, on est tous bousculés! Moi, j’irai voir le maire. Les gendarmes, c’est son affaire à elle. Je promets de témoigner.

Je me lève. Un café, une clope, avant d’aller voir le maire. Je me prends à bailler. Les voilà, bourreau et victime, qui vont défiler à ma porte. Le coupable, d’abord. Lui aussi, il n’est pas frais.
Viendra la victime, quelques instants après! Ils ont failli se croiser.

Le maire appellera la mère de la victime. Il ira voir le père du coupable, propriétaire du gun.
Les deux gamins évolueront bien, surtout le bourreau. Ils grandiront et redeviendront copains.

Toutes les sales histoires ne finissent pas bien! Tu décides quoi, tu fais quoi, après ça?

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En vacances!

A gauche :
Eh, pousse-toi, s’il te plaît.
( Il s’assoit lourdement.)
A droite :
Non, je suis déjà serré.
Au milieu :
Fais attention, tu m’écrases!

Devant :
(En choeur!)
Ah, non! Vous n’allez pas commencer.

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Au commencement!

On dit qu’il y a le bien, le mal, le paradis et l’enfer. On dit, qu’au début, il y avait le ciel et la terre. On parle de Big-bang. Mais ce n’est que l’avis de singes blancs, sur une tout petite terre.

Je vais vous raconter ce qui s’est réellement passé.

Au commencement, il y avait un grand vers. Un grand vers blanc et un grand univers. Le vers a mangé l’univers, terre après terre. Il a tout dévoré. Maintenant, il ne reste rien. Le grand vers a faim. Il attend, vautré, à ne rien faire.

Le vers, c’est un grand tube élastique, avec deux bouts, deux bouches fort peu sympathiques. D’un côté, il y a Saturnin. De l’autre, il y a La Mère. Avant, c’était un couple exemplaire. Mais, Saturnin avait toujours faim. Il n’y pouvait rien. La Mère arrosait les déserts, en vrai jardinier. Elle chantait aux singes blancs, en des terres azurées!

Comme ils ne sont plus qu’eux deux, ils ne font que s’engueuler. Quand La Mère tire vers l’avant, Saturnin tire vers l’arrière. Leur grand corps élastique finit par céder et se scinder en deux. Ils sont deux, maintenant, à vivre séparément.

Saturnin n’est que ventre. Il veut l’adultère. La Mère veut un amant plus charmant. D’un coup de pied au ventre, elle se débarrasse du sien. Saturnin a mal à en dégueuler. Il vomit tout l’univers. L’univers reprend sa place entière. C’est aussi le retour de la vie-semence. C’est ici que commence l’histoire des singes blancs.

Ici, assurément, ça devient l’enfer. A dire ça, je ne crois pas qu’on exagère.

Moi, ce qui me ferait vraiment flipper, ce serait de voir ce vieux couple se rabibocher. Ce serait de voir le grand vers se reconstituer. Ce serait de voir tout recommencer, sans pouvoir rien y faire.
Sans pouvoir dire : Arrêtez, c’est assez!

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Saynètes 1 !

Un repose-chaussettes,
A odeur hermétique,
M’appelle depuis le Net.
Il doit être fantastique!

Des planètes dans ta tête,
Tu es un peu mystique.
Ne sois pas une girouette
Et redeviens pratique!

Un embrouille-minettes
Et une pépée-plastique
Ont des enfants pas nets,
Tout mous et élastiques.

Une mouche, assez bête
Pour aimer un moustique,
A atteint, c’est très net,
Un seuil endo-critique.

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Saynètes 2 !

En voiture, messieurs-dames.
On va chercher le pain.
La voiture est un drame
Qui n’a pas de demain!

Le voisin vit solo.
Il parle à ses cabots.
Il est un peu crado.
Mais, est-ce un idiot?

Pourquoi, hors de chez nous,
Ils ont un air étrange?
Ils sont bien comme nous.
Et ça, ça nous dérange!

Elles sont belles, tes tomates,
Avec leurs joues gonflées.
Qu’est-ce qu’elles ont, tes patates?
Elles sont géantifiées!

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Saynètes 3 !

L’amour sur internet
Est une calamité.
Tu veux compter fleurette
A du papier-glacé!

Dis donc, toi, l’ouvrier,
Tu vis sur quelle planète?
Fais-moi taire ce voilier
Que tu as dans la tête!

Ton nouveau four génial
Est, somme toute, bancal.
Je n’ crois pas que tu puisses
Y faire cuire une saucisse!

Tu es plus jeune que moi,
Branché sur les réseaux.
Tu es plus grand que moi,
Attention à ton dos!

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La loge du sorcier!

Une porte au bout d’un long couloir!

Est-ce qu’une histoire de porte
Pourrait nous faire flipper?
Celle que je te rapporte
A de quoi inquiéter!

Un homme est entré et a refermé la porte.
La porte est restée fermée pendant des années.

Le sol était bancal et couvert d’abeilles mortes.
A priori normal pour un ours mal -léché!
Les volets étaient fermés et, aussi la porte.
On a eu beau cherché, on ne l’a pas trouvé.


Son chat, compagnon fidèle, s’est évaporé.
De son chien, Caramel, il reste la moitié!

Alors, si cette histoire ne te fait pas flipper,
C’est, probablement, parce que c’est toi le sorcier!

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De mon temps!

Quand on était gamins, quand on était petits, on vivait à la campagne. A part jouer, il n’y avait que les animaux, les animaux, qui nous intéressaient.

Digression,
Maintenant, ce sont les mêmes enfants. On dirait que c’est pareil. Mais il y a les jeux vidéos, la mode, le téléphone mobile.
Les enfants, de nos jours, ne savent plus grimper aux arbres. Quelle horreur, la race est en train de dépérir!
Comme elle est moue du cul et déconnectée, la nouvelle race citadine qui a été créée.

Revenons à nos moutons.

Quand on était gosses, les animaux de la ferme étaient bien gentils. On en faisait ce qu’on voulait.
Il y en avait, quand même, qui nous pourrissaient bien la vie.

A commencer par le jars des premières années.
Tous les soirs, les trois plus grands étaient envoyés chercher le lait, à la ferme d’à côté.
A mi-chemin, il y avait les oies. Et les oies, forcément, étaient sur la voie. Le mâle, le jars, (c’est comme ça qu’on dit, pour les citadins), le jars nous barrait le chemin.
Le jars attaque les pneus des autos. C’est une vraie saleté!
On en avait une peur bleue. On passait par les jardins, escaladant les clôtures, quand on le voyait.

Mais un soir, la terreur prit fin. Je n’étais pas grand, mais quand même plus que lui. Il m’a attaqué. Je n’ai pas reculé. J’avais mon idée. Je l’ai attrapé au collet d’une main. Voyant que je le maîtrisais, je l’ai soulevé en l’air, des deux mains.
C’est hallucinant comme les animaux se calment rapidement, quand on les suspend.
Depuis, non seulement il nous évitait, mais si on faisait mine de l’attaquer, il fuyait en braillant. Que de la gueule!

Autre bestiole, autre calvaire!
Un bouc, cette fois, pas énorme, mais avec des cornes de bouquetin.
Elle nous attaquait, la sale bête. Je me souviens avoir grimpé, en catastrophe, sur le seul arbre du parc où on gardait les chèvres.
Il était debout, appuyé contre l’arbre, me regardant comme s’il voulait m’assassiner.

La révolte n’a pas traîné. Nous nous sommes armés de très, très longues triques en noisetier. Je me suis mis en face. Mes frères ont attaqué par les deux côtés. On lui a mis tout ce qu’on a pu. On l’a vaincu. Que de la gueule!
Après ça, plus aucune bête ne nous commandait!

Des histoires comme ça, j’en ai plein les bras.

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A la Mer!

Les éléphants de mer sont paisiblement allongés sur le sable. Sous leur parasol et sur leurs serviettes, Pépère et Mémère sont tranquilles et confortable.
Ce sont éléphants de mer, d’une espèce bicolore, blanche-dessous, rouge-dessus et particulièrement ventrue.

Où est leur progéniture? On dirait qu’ils n’en ont plus.

— On est vraiment bien et on sent la mer.
Une bonne idée, la glacière.
On s’envoie une bière?
— Je ne te le fais pas dire, Pépère.
Fais attention avec tes pieds.
Tu débordes sur la serviette de la dame d’à côté.
Bonjour, madame!

Séquence émotion, un homme manque se noyer, devant ses congénères entassés, qui le regardent avec des yeux de poissons figés.

— Ils sont bien gentils d’avoir été le chercher.
Déjà qu’il se baignait en drapeau rouge et avait dépassé les bouées!

Saura-t’on jamais combien de naufragés, baigneurs involontaires, se sont noyés dans cette petite cuillère qu’est la méditerranée, ces dernières années?

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