Tu voudrais bien, vraiment en fait, pouvoir parler avec tes aînés. Tu aimerais qu’ils cessent de te parler comme si tu avais huit ans. Pouvoir dire ce que tu penses, sans être repris ou félicité. Parler vrai et ne pas mentir, sans être interféré. Les vieux qui ne changent pas, ne le veulent pas. Ta parole honnête doit être adaptée!
So long, Pierre!
Lettre à Pierre, n°7 !
Je te rêve à côté de tes frères.
Je te rêve aux côtés de ton père,
Avec ta moitié, avec tes pairs!
Je te rêve, pas trop loin de ta mère.
Je te rêve, les pieds nus sur la terre,
Jardinier secret et solitaire.
Tes plantes séchées embaument l’air,
Chant discret, joyeux et solidaire!
Je te rêve, venant me présenter
Ce bel enfant dont tu es tout fier.
Je te rêve en train de rigoler,
A me voir gazouiller en grand-père!
Tu n’es pas là et je désespère.
Viens, rejoins-moi. Je t’attends, mon frère.
Si ma tête est encore un gruyère,
Elle reste une maison pour toi, Pierre!
Fidèle à Toi!
Moi, j’aurais fait n’importe quoi,
J’aurais été n’importe quoi,
Pour te porter, te protéger!
Un poële allumé tout l’hiver,
Une arche bâtie autour de toi,
De ces topinambours de guerre,
Mordant, pour qui s’en prend à toi!
J’aurais tenté n’importe quoi,
J’aurais donné n’importe quoi,
Pour te sauver, pour te garder!
Elle est bonne?
Je te vois trempoter dans l’eau, assis sur le sable, au milieu de la rivière.
A ton appel, ton chien a traversé. Sur le dos, je suis bien, à flotter!
On l’a trouvé ce Frais qui va nous aider à traverser l’été.
Assis, côte à côte, dans ce havre secret, on se prend à parler.
Tu grattes le fond, avec un bâton, histoire de t’occuper.
On regarde un rayon de soleil nouveau-né,
Dans les ailes de la libellule, posée sur ton pied.