Au temps qui goutte,
La pleue, je la redoute.
Mes pieds se mouillent
Et ma tête gadouille.
Mais quelle misère,
A patauger la terre!
Le mal-passant!
Mon cri de solitude,
Personne ne l’entendra,
Car j’ai pris l’habitude
De l’enfermer en moi!
Quand j’essaie de parler
Au tout premier chaland,
Il dit qu’il est pressé,
Qu’il va voir pour ses dents.
Le second fuit, vite fait,
Moins vite que le troisième.
Mais que leur ai-je donc fait,
Je manque le quatrième.
C’est qu’à force de me taire,
Je ne sais que gueuler,
Si bien que le parterre
A les oreilles bouchées.
Mais que me faut-il faire,
Pour que vous m’écoutiez?
Je balance à ma mère,
Elle va vous massacrer!
Mon cri de solitude,
Personne ne l’entendra,
Car j’ai pris l’habitude
De l’enfermer en moi!
Tu vas pas bien, toi!
Je ne veux pas!
Que dire de ce temps!
J’en sais rien!
Conte philosophique!
Il peut y arriver?
Du mille-pattier!
L’odeur du café!
Assis là, dans le froid,
Je regarde le matin.
Je suis seul, je suis roi
De ce monde incertain.
Dans cette vallée gelée,
Je ravive mon feu
Et l’odeur du café
Me parfume les yeux.
J’ai encore, devant moi,
Deux ou trois belles journées
Pour regarder en moi,
Ré-apprendre à m’aimer.
Je vais te retrouver,
Un soir, auprès du feu,
En train de faire griller
Des galettes et des œufs.
Je vais aller tout droit,
Au fond de la vallée.
C’est bizarre, mais le froid
Semble tout magnifier!