S’adapter ou périr

Les draps de ma chambre refusaient de me lâcher…

La voix tonne. Sourire d’ange, éclairs! Commencement, ça rampe et respire.

Une nocturnelle désemparée passe au-dessus de moi en bruissant.

Des chamelots boivent, bientôt prêts pour la grande traversée. Le petit marche entre les pattes de sa mère, à l’abri du soleil de plomb qui atterre.

Les fourmizes protègent leur gigantesque tour-forteresse de paillettes de mica.

L’homme-gobelin, sous terre, attend la nuit patiemment. De touffes d’herbe à gousses, il se fait un viatique.

Un mouvement à l’est. Apparaissent les premiers grouillants. Cannibales et grégaires, survivants ! Leur monde est tout sauf vert. L’eau des corps appelle les dents! Tout leur fait ventre. Ils sont craints comme le fut leur ancêtre en son temps.

Oh, le cauchemar! Je m’extirpe de mes draps et vais regarder, à ma fenêtre, le Vert-Monde.

Homme, revois ta copie pour ne pas être aux abonnés absents!

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Temps de chiens?

Quand je regarde le chien. Que je ne le comprends Pas!

Ado réclamant encore câlins, il est aussi vieux que moi!

Parce que trop attaché?

Sensible à l’exclusion, fataliste! Trop dépendant pour être rancunier?

Il a instauré des rapports de meute. Claquement de doigts de l’alpha! Conditionné pour obéir, il se soumet.

Domestiqué pour l’agrément, il connaît la double peine!

Parce que trop tôt attaché?

Quand il attend, il dort. Je sais qu’il rêve.

Errances, nez vif et de temps en temps, un cauchemar.

Molosse, mon chien, a peur dans les bois!

Parce que trop longtemps attaché?

D’une demi-vie , il devra se contenter!

Et le chat?

Chasseur. La nuit, pour le territoire!

Depuis moins longtemps avec nous, il n’est pas encore totalement domestique. Mais ça viendra!

Une amie trouva un jour, en bas de chez elle, des chats enfermés dans un clapier à lapins. Elle leur ouvrit en douce, le soir même. Elle les retrouva dans leur cage ouverte au matin!

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Pour qu’on s’en rappelle!

Technique de bornage médiévale

A défaut de tenir un cadastre écrit, les paysans se mettaient d’accord sur la délimitation d’une parcelle et prenait un enfant comme témoin. Dés que l’enfant avait mémorisé le lieu, on lui administrait une gigantesque claque pour consolider son souvenir… D’après Pierre Portet

Je vois le souvenir un peu comme une diapositive. L’émotion associée, c’est l’inscription, en haut, à gauche!

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Caractère ou « Dire qu’il est là, Fernand! »

Je croise souvent Fernand sur mon passage. En vadrouille! Des fois, il s’arrête au bar, chez Judith et Mickaël, en début de mois. Chemisette éternelle, de vieilles dents. Mais un sourire à décorner les boeufs!

On boit un coup et on parle ensemble parfois. Un vieux de la vieille. Toujours du sang!

C’est lui qui va m’apprendre à marcotter mes arbres, cet automne!

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Les oiseaux de mon jardin!

C’est le coq qui me réveille. Ils ne l’ont pas encore condamné!

Une hirondelle ne fait pas le printemps!

Oiseau migrateur, tu ne trouves plus guère de toits, ici, pour fonder famille. En Ukraine, tu t’irradies. En Afrique, famine chronique, tu es mangé! Mon jardin de ville, tu l’as colonisé.

Des années pleines, des années vides. Mais quand vous êtes là! Vous tourbillonnez à raz de nos têtes, familières. Les aînées entraînent les jeunes. Les becquées de boue pour vos nids, vous allez les voler sur le parvis. Pour un nouveau nid ou grossièrement en réparer. Je vous vois souvent boire à l’étang. Galet rebondissant avec un léger claquement! Cris-fanfare quand vous êtes regroupées.

Les grands vols!

Etourneaux demeurant aux platanes de la ville. Leurs envols, au petit matin, vers les champs! Retour par petits groupes au crépuscule. Pour enfin constituer ce grand corps gardonnique qui volte et virevolte et revirevolte dans l’eau du ciel. Féerique!

Et les autres!

Un couple de moineaux squatte un nid d’hirondelles ébranlé. Au coude de la gouttière, derrière mon épaule droite, ils surveillent, gendarmes. Un frelon envahissant les inquiète.

Le rouge gorge en colère fond sur l’intrus.

Des pies, conquérantes et sûres d’elles, s’imposent. Bond par bond dans l’herbe! Elles s’alertent de ce qu’elles ont trouvé.

Un merle-roi, suivi de sa cour opportuniste, d’une mésange charbonnière et de trois moineaux, se baigne dans la flaque. Sur la girouette, tout à l’heure, Il chauffera sa voix. C’est lui le soliste de ce concert. Comme il est doué, pas un jeune!

Les tourterelles repoussent pour la énième fois le vieux couple de pigeons qui lorgne leur tilleul.

Et les mésanges bleues et noires qui viennent réclamer leurs miettes. Allers-retours de leur perchoir à la graine si vite décortiquée!

Deux chardonnerets-papillon passent. Ils nous visitent plusieurs fois dans l’année.

Partout, ça se tanne pour la femelle, pour le territoire.

Dans chaque famille, toujours un adolescent trop tôt téméraire! Il est au sol; le chat guette. Comment faire? Ils tentent tout ce qu’ils peuvent jusqu’au bout, pour le nourrir, le protéger. Certains ont pris de sacrés risques!

Le mâle rouge-queue, en vol-surplace à ma fenêtre, par deux fois est venu me chercher. J’écarte le chat de leur nid juste à temps! Histoire vraie!

Les deux pigeons s’embrassent face au soleil couchant, sur une île. Eternels amoureux!

On leur fout la paix; ils se familiarisent. On partage notre Chez-nous. Ici, c’est terre d’asile, pour eux comme pour nous!

Je vais te le lire à l’apéro, mon texte sur nos oiseaux. Tu me diras ce que j’ai oublié.

N.

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Le temps passe et la vieille dame file en trottinette!

Je prends le bus. La chanson de jazz tourne en rond dans ma tête. Ma bouche, bec et anche, l’attire.

Demoiselle, peau sombre sous le voile, sourire radieux. Elle se lève, tirant sa petite soeur par la main. Elle me propose, d’un mouvement avenant de la tête, sa place.

Moi, toujours avec mon Jazz à donf, je lui souris et m’assieds. Sympa tout ça!

Un arrêt passe, les deux jeunes filles ne descendent pas… Ah, bon!

Franck Sinatra relaie Ella Fitzgerald sur Night and day

Au bout de trois arrêts, elles descendent… Les percussions, les cuivres stoppent net, ainsi que la voix du chanteur! Je suis une dame âgée et fragile au yeux de la demoiselle au bon coeur. Une vieille dame! Le choc quand même…

Puis c’est mon arrêt et je peux enfin chanter. Je deviens aussi insouciante qu’un oiseau, au point du jour, chantant. Oiseau dans ses trilles qui d’âge et de ces fariboles point ne se soucie!

Mehluzinn

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Attaqué par des chiens-rats!

De petits chiens chasseurs dont on craint la morsure! Pas d’être dévoré. Des chiens pour gibier d’eau, pas coupeurs de tendons.

Dénaturés, pour plaire à l’homme, ils chassent le passant. Deux de ces petits monstres m’attaquent. Ils ont l’air une armée! Très rapides, y en a partout…

Il veut mordre; c’est certain! Tente une attaque par derrière. Je la vois venir. Faut arrêter cette affaire avant que ça dégénère. Mon bâton vise une truffe et l’atteint. Le gremlin glapit et court se terrer. Que de la gueule, ces vermines!

Oui, mais si je ne l’avais pas fait, ils auraient tourné autour de moi, comme loups, profitant de ma peur. Morsures garanties!

Qu’est-ce qu’ils foutent sur la route, ces chiens pervertis?

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