On te ramène ton gosse,
Gentiment tuméfié.
Sur sa tête, pousse une bosse,
Qui est de la journée!
— Qu’as-tu fait aujourd’hui?
Que t’est-il arrivé?
— Comme tous les vendredis,
On a manifesté!
To Pierre-Pierro, Correspondances
Un sourire, un poème!
Quelque chose s’est passé.
Est arrivé l’ennui.
Quelques-uns ont bougé.
D’autres se sont tapis.
On ne peut critiquer
Que ceux qui ont agi.
Que peut-on reprocher
A ceux, restés assis?
Beau jeu de critiquer.
C’est trop facile ainsi!
S’il n’avait pas bougé,
Lui se serait haï!
Et ceux, restés cachés,
Là, derrière leurs genoux,
Sont toujours les premiers,
A jeter les cailloux!
Un canard, sans sa tête!
Il titube et s’arrête.
Il a un peu l’air bête.
Tout s’embrouille, dans sa tête.
Il ne s’est pas méfié.
Alors, il s’est gavé.
Il se croyait aimé.
Il va être mangé!
Le héron, au long bec,
L’avait bien alerté.
Le canard, aussi sec,
Lui avait ri au nez!
Maintenant, il regrette
Et voudrait s’excuser.
Mais, sans bec ni tête,
Il ne peut plus parler!
S’offusquer, ce n’est pas comprendre.
S’offusquer, ce n’est pas apprendre.
Se moquer n’est pas se rendre
Compte de la réalité.
Se gausser, c’est aussi prendre
Des vessies pour bien-fondé.
Se vexer pourrait vous rendre
Aveugle à la vérité.
C’est ne pas communiquer.
Ne pas savoir échanger.
C’est, soi-même, s’invalider.
C’est, soi-même, s’atrophier.
S’offusquer, ce n’est pas comprendre.
S’offusquer, ce n’est pas apprendre.
Il commence à me plaire,
Celui qui sait écouter.
Si ce n’est pas un frère,
C’est, peut-être, un allié!
Jaloux, indigne et faux,
Tu parles dans mon dos.
Critique, tu as des mots,
Un peu comme des couteaux.
Vas-y donc, j’ai bon dos.
On ne se fréquente pas.
Tu veux entrer chez moi,
Quand je ne le veux pas.
Tu te donnes des droits
Que, pourtant, tu n’as pas!
Tu prétextes, pour entrer
Sans me le demander,
Le droit de visiter
Ce proche qui s’est allié
Avec moi, l’étranger!
Si tu veux contester
Mes droits élémentaires,
Envoie-moi un courrier,
En plusieurs exemplaires.
N’oublie pas de signer!
Foin de tes commentaires,
De tes mots acérés.
Va-t’en, comme un éclair.
Cours bien vite, sur tes pieds.
Quitte vite ma terre!
J’aimerais que tout s’arrête là.
Disparaître, renaître là-bas!
M’éloigner jusqu’où il faudra,
Pour que je ne me souvienne pas!
Des fois, je voudrais avoir la souplesse du rat.
Me dire que je vais m’adapter à cette vie-là.
Faire avec et me dire : « Bientôt, tout s’arrangera! ».
Des fois, je voudrais avoir la patience du chat.
Me dire que, si j’attends bien, je croquerai ma proie.
Que vient la Saint-Glinglin, son cortège de « Tu l’auras! ».
Des fois, je veux garder ma fidélité de chien.
Elle me sert si bien à reconnaître les miens.
Elle m’épargne les « Tu l’auras! », elle me donne un « Tiens! ».
Quelle horreur, la souffrance de celui,
Qui, s’il n’est pas entendu, se tait.
Comment dire ce qui se passe en lui?
Si personne ne l’écoute jamais!
Sa souffrance, il la garde enfermée.
Alors, il devient son prisonnier.
Maintenant, il se sent condamné.
On l’ignore et refuse de l’aider.
Il se vit comme quelqu’un de maudit.
La douleur, en sa bouche fermée,
Est une peur qui lui fait taire son cri.
Il est seul, il est abandonné!
Ne peut-on voir cette douleur-là?
Ne peut-on pas lui tendre les bras?
Que lui dire qu’il entende, pour une fois?
Qu’il entende, quand il est aux abois!